Voici notre sélection de sites religieux assez incroyables que nous vous invitons à découvrir. Ils sont un hymne à la diversité... Bon voyage !
Kaligat Kali Temple à Kolkotta, Inde
Religion : hindouisme
Au temple de Kali, déesse de la préservation, de la transformation, et surtout de la destruction et de la mort, vous serez sidéré par cette folle ferveur qui y règne. Dans ce lieu de culte, la ferveur des adorateurs de la déesse, qui pensent qu’ils seront libérés de la peur de la destruction, ont relégué le calme de nos paisibles églises à des années-lumière ! Ce n’est pas un hasard si les adeptes de la forme terrifiante de Pārvatī, qui représente le pouvoir destructeur du temps, ont fait de Kalikata/Kolkota leur centre mystique : le nom dérive, en effet, de kālá (le « temps » en sanscrit), qui signifie celui qui détruit toute chose… C’est un maelstrom de bruits (prières, agneau attendant d'être sacrifié...), d’odeurs (bougies, fumées), de bousculades. La déesse est représentée nue, le regard féroce, la langue tirée, portant un long collier composé de crânes humains, dansant sur le corps de Shiva, qui en position de cadavre réclame son indulgence. Elle peut également porter un pagne formé de bras coupés, tenant une tête décapitée dans une main, une épée (symbolisant le pouvoir de la destruction) dans l'autre… On se croirait dans Indiana Jones face à la secte des Thugs – les adorateurs de Kali – dans Le temple maudit ou dans Le Tour du monde en 80 jours… J. Verne y écrit que « c’était sur cette contrée que Feringhea, le chef des Thugs, le roi des Étrangleurs, exerçait sa domination. Ces assassins, unis dans une association insaisissable, étranglaient, en l’honneur de la déesse de la Mort, des victimes de tout âge, sans jamais verser de sang, et il fut un temps où l'on ne pouvait fouiller un endroit quelconque de ce sol sans y trouver un cadavre. » Si près, vous pourrez ensuite rejoindre la cour des miracles du centre missionnaire de mère Térésa, la sainte macédonienne. Autre ambiance, autre référence : c’est La Cité de la Joie mis en image par Roland Joffé !
Temple d’Absheron, Azerbaïdjan
Religion : zoroastrisme, parsisme
En Iran (dans les environs de Yazd) ou en Azerbaïdjan, vous pourriez découvrir le zoroastrisme. Dans la péninsule d’Absheron, voici un ancien temple zoroastrien construit jadis par des hindous se rapportant à la religion sikhe. Complexe ! À « Nechgah » (la maison du feu/le lieu du feu), des ermites pratiquaient le culte du feu en se martyrisant et se purifiant : chaînes de 30kg pendant à leurs corps, mortification de ceux-ci, couches enduites de chaux vive… Aussi fendard qu’une colo au pays des mollahs ! On peut lire dans un roman de Jules Verne qu’à Atech-Gâh « brûle le feu éternel, entretenu depuis des centaines d’années par des prêtres parsis venant de l’Inde, lesquels ne mangent pas de viande animale ». Jadis, les corps pour ne pas le souiller étaient exposés dans les tours du silence (dakhma) afin d’être dévorés par les vautours. Et si vous optez pour l’Iran, vous pourriez poursuivre dans votre recherche de spiritisme par la visite d’une « maison de la Force » (zurkaneh) qui mélange sport, transe musicale et cérémonie religieuse !
White Temple à Chang Rai, Thaïlande
Religion : bouddhisme
Sorti de l'imaginaire d'un Dalì local, le Wat Rong Khun est une bombe ! Sa blancheur extrême est une ode à la pureté du bouddhisme. Il faut, pour y accéder, traverser une étendue de morts-vivants, de créatures des enfers. L’intérieur est délirant : une fresque représente Bouddha qui domine un monde apocalyptique. L’artiste, Chalermchai Kositpipat, a représenté son 11 septembre : des bombes, que tente d’éviter un camion Pepsi, tombent sur Manhattan, le ciel est envahi de vaisseaux spatiaux, un pipeline de pétrole – incrusté d’une tête de mort – qui nourrit deux monstres de l'Enfer sort des Twin Towers en feu. Plus loin, voici l'Alien de Ridley Scott. Dans les yeux du Diable, on perçoit parfaitement les visages de Georges W. Bush et Ben Laden... Clou du spectacle : Superman et Matrix tentent en vain d'éviter le désastre planétaire !
Église San Juan Chamula au Chiapas, Mexique Religion : catholicisme
La ville de Chamula est située à 2.260 mètres d'altitude. Au cœur du Chiapas, évangélisée par les Jésuites, personne ne peut rester insensible au spectacle hallucinant de l’église de San Juan Chamula. Les Tzotziles (Amérindiens) ont en effet transformé une église catholique en un lieu de dévotion incroyable. Des milliers de bougies accueillent croyants ou athées dans ce lieu qui mélange cultes autochtones animistes et dévotion à Jésus, Marie et aux saints catholiques. L’église est remplie de bouteilles en verre de Coca-Cola ou de Pepsi qui servent à extirper le mal des corps des fidèles au moyen de rots non dissimulés. En pénétrant dans l’église, on se prend une énorme claque !
Temple Cao Dai de Tây Ninh, Vietnam
Religion : caodaïsme
Au Vietnam, avant la visite des incroyables tunnels Viêt-Cong de Củ Chi d'une grande ingéniosité, nous vous conseillons de pénétrer dans un temple caodaïste. La religion millénariste de Cochinchine (Sud-Vietnam), fondée en 1921 par Ngô Van Chiêu, un fonctionnaire vietnamien, qui dit être entré en contact avec un esprit, lors d'une séance de spiritisme, existe toujours ! Avec ses multiples guides spirituels (Moïse, Jésus, Mahomet, Pasteur, Shakespeare, Jeanne d’Arc, Hugo, Lénine ou Sun Yat-sen), le syncrétisme (mélangeant bouddhisme, confucianisme, taoïsme et christianisme) semble à son apogée ! Toile du fond du roman, lisez-donc Un Américain bien tranquille de Graham Greene durant ce voyage. L’ambiance du lieu de culte est calme, loin de l’agitation de l’ancienne Saïgon. Non loin, les tunnels de Củ Chi donc, qui débouchent sur un incroyable réseau de galeries, dortoirs, cuisines, frisent le génie !
Maalula, Syrie
Religion : christianisme oriental/Église catholique syriaque
Au Proche-Orient, il est aisé de revenir à l’aube du christianisme primitif. Encore plus en Jordanie avec le mont Nébo, Madaba (carte de la Terre Promise en mosaïque), Mukawir (ruines de la forteresse d'Hérode le Grand où Jean le Baptiste fut décapité). Mais également en Syrie dans le quartier chrétien de Damas ou dans le monastère de Meir Musa. Dans le village de Maalula, on peut rejoindre l’une des plus vieilles églises au monde (du début du IVe siècle) tout en rencontrant des locaux dont l’araméen (la langue que parlait Jésus) est la langue maternelle... Vous serez dans le berceau de l’Écriture et des langues et écritures saintes, car seuls 4 villages dans le monde parlent l'araméen des premiers temps ! Non loin, le couvent de St Thecla révèle des trésors passés et ici, les Sœurs vénèrent images chrétiennes, idoles inconnues ou symboles musulmans (main de Fatima). Fascinant voyage dans un Moyen-Orient au passé fabuleux...
Falaise de Bandiagara, Mali
Religion : animisme (Dogons)
L’immense falaise de Bandiagara (200 kilomètres de long) est un lieu à part. Célèbre depuis les films ethnologiques de Jean Rouch, elle est située au cœur du Pays Dogon. Ici, les anciens habitats troglodytes semblent veiller sur les villages et hameaux protégés, au bas de la falaise. Peuple de cultivateurs, les Dogons ont développé une cosmogonie et un récit des origines unique. L’islam qu’ils ont embrassé, ne leurs a pas faire oublier leur rapport à l’animisme. Ils vouent un culte au dieu créateur (Amma ou Amba) et aux ancêtres. C’est un choc que de venir ici. Avec la chance d’un gagnant du Loto, nous aurions pu assister à une cérémonie de la société Awa (société des masques) qui parle une langue secrète rituelle. Longue vie aux cultes indigènes !
Sanctuaire Meiji à Tokyo, Japon
Religion : shinto
Non loin d’un centre-ville tokyoïte bouillonnant, le shrine Meiji Jingu fascine par son calme. C'est un lieu de recueillement shintô en l'honneur des empereurs Meiji et Jingu. Les shintoïstes prient les ancêtres, la nature. Est-ce donc un culte animiste ? Le profond respect de la nature défend la place de l'Homme dans l'univers et explique le rapport qu'entretiennent les Japonais entre eux. Les temples shintôs ont pour particularité de ne représenter aucune divinité… On oubliait : à l’entrée, des dizaines de tonneaux sont remplis de vins de Bourgogne. C’est Bacchus qui serait shinto !
Temple d’or, Punjab – Inde
Religion : sikhisme
Lorsqu’on pénètre dans le Golden Temple, on entre dans un autre monde, celui des « disciples »/« apprentis » (ਸਿੱਖ/Sikhs) qui rejettent le dogme d’une Vérité absolue. Les pèlerins viennent se restaurer à l’abri de cabanes. « L’illustre temple de dieu » en penjabi (Harmandir Sahib) a été construit au XVIIème siècle à l’endroit où le Gurû Nanak – premier maître spirituel des Sikhs – méditait. La religion se développa dans un contexte de persécution religieuse par les autorités mogholes. Vous emprunterez une promenade de marbre puis enjamberez un pont pour pénétrer dans l’enceinte sacrée, un pavillon recouvert de plaques et feuilles d’or. Des kirtan, hymnes sacrés, seront chantés pendant que des musiciens diffuseront avec harmonie une musique dévotionnelle dans le cœur du temple. La musique soufie du maître penjabi (pakistanais) Nusrat Fateh Ali Khan revient en tête. Chantent-ils le Guru Granth Sahib, leur livre sacré ? Leur foi et la méditation au nom de l'Unique Créateur ? L'égalité et l'unité de chaque être humain ? La pratique de la Sewa (le service désintéressé) ou l'investissement personnel pour le bénéfice de chacun ? Qu’importe…, c’est sublime, et on aimerait y passer toute une vie ! En partant, vous comprendrez – davantage encore – les rapports conflictuels entre les communautés religieuses du pays, car le temple fut le théâtre d’un massacre ordonné par Indira Gandhi en 1984. La Première ministre fut assassinée quatre mois plus tard !
Monastère de Geghard, Arménie
Religion : Eglise apostolique arménienne (christianisme)
Vous voilà dans le marz (région) de Kotayn au splendide monastère de Geghard (le « monastère de la lance »). Votre ami Wiki vous apprendra que « selon la tradition, de nombreux moines auraient mené une vie ascétique dans les grottes à flanc de falaise accessible par des échelles ou des cordes ; saint Grégoire l'Illuminateur y aurait vécu, ainsi que le catholicos Sahak Parthev pendant la création de l'alphabet arménien. » L’Arménie étant le plus vieux pays à avoir adopté le christianisme comme religion officielle au IVème siècle, il n’est pas étonnant que des monastères de toute beauté égailleront votre voyage (Khor Virap, Novaransk – ancré dans le repli d’une gorge aux parois rougeoyantes –). N’y-a-il donc que des monastères dans ce pays qu’est l’Arménie ?!
Ganden Sumtseling Gompa de Shangri La, Yunnan – Chine
Religion : bouddhisme
Au nord du Yunnan, dans l’autre Tibet, le bouddhisme règne en maître. Depuis Chengdu, on peut rejoindre Leshan pour y voir la colossale statue de Bouddha (71m de haut) ; elle fut construite en 90 ans et terminée en 803. Une trentaine d’heures de train et de bus plus tard, vous serez à Shangri-La – 3700m d’altitude –, l'autre capitale tibétaine. Sa culture rayonne. Non loin surgit le Ganden Sumtseling gompa, un immense monastère construit en 1679, et qui fut restauré par le gouvernement ; il est ainsi déconseillé par le dalaï-lama ! Ce n’est pas ici que votre compréhension du bouddhisme sera facilitée… Accrochez-vous : il s’agit d’un monastère de l’école guélougpa où l’on rend hommage à རྡོ་རྗེ་ཤུགས་ལྡན་ (Dorjé Shukden), l’une des nombreuses divinités tantriques du bouddhisme tibétain, qui aurait connu plusieurs incarnations !! Chaussés de baskets de marque, jolie montre au poignet, les six-cents moines qui y résident vendent, entre deux appels sur des smartphones Samsung, des bijoux avant de s'engouffrer dans les différents temples pour récolter la montagne de billets laissés par des fidèles, qui, pour pouvoir admirer les statues de Bouddha, Shiva ou des dieux du Ciel, ont dû s'acquitter d'un droit d'entrée exorbitant. Si le Dalaï-lama a jadis béni ce lieu sacré, il est surtout devenu centre de business !
Tekke Sari Saltik de Blagaj, Bosnie-Herzégovine
Religion : bektashisme (islam soufi)
Dans les anciennes provinces de l’Empire ottoman, c’est la chasse aux tekkes ! Ces bâtiments faisaient partie d'un complexe architectural large (une mosquée, des lieux d’enseignements, le tombeau d'un saint) qui accueillait l'ordre ascétique des Mevlevi fondé en 1273 à Konya. Ainsi, le tekke pouvait servir de lieu de culte pour les dervish tourneurs et comprend des cellules pour les loger. Vous pourriez opter pour le tekké Hala Sultan, situé sur les bords du lac salé d’Akrotiri (à Larnaca) ou pour celui bosniaque de Blagaj, posé au bord de la source de la Buna ; il rappelle le légendaire derviche turc Sari Saltak. Il est vénéré comme un saint dans les Balkans par la communauté des Bektâchî, une secte chiite basée sur le mysticisme soufi qui tolère la consommation de porc et d’alcool. Un jour peut-être, vous aurez l’occasion d’assister au spectacle ésotérique envoûtant des derviches tourneurs. Les soufis tournent au son de l'ayi, une composition instrumentale et vocale jouée par un luth et des instrument perses (flûte, daf). Avec lenteur, ils circumambulent pour symboliser les âmes errantes puis la fin de l'illusion et la résurrection. Les mains droites tournées vers le ciel (pour récolter la grâce de dieu) et gauche vers le sol (pour la dispenser aux hommes), leur danse giratoire représente les lois de l'Univers et les astres tournant autour du soleil. Quelle histoire !
Macumba à Salvador de Bahia, Brésil
Religion : candomblé
Pelourinho est idéalement située au cœur de l’historique Salvador de Bahia, la fascinante ville de Jorge Amado, façonnée par les groupes ethniques africains (Yorubas, Ewes, Fon et Bantous), et les Amérindiens, en contact avec les esclaves noirs dès le XVIème siècle. Le ballet folklorique de Salvador illustre à la perfection la place des traditions et rites afro-brésiliens, à travers la dance des pêcheurs, la maculelê, une samba de roda ! Plus tard, c’est batucada..., on adore ! Ici, on croise des descendants d’esclaves de la Traite Atlantique, de Bouche Dorée (Rendez-vous à Bahia, H. Pratt) et des cultes syncrétistes afro-brésiliens comme le candomblé. Jadis, le macumba désignait le lieu où les esclaves noirs célébraient leurs rites. Dans une macumba, les fidèles entrent en transe guidés par la présence de divinités orixás comme Ogun Ferraille, cette figure que l’on retrouve dans l’univers prattien de Corto Maltese. Du pop-corn est jeté pour purifier les fidèles. « Saravá ! » (le Salut des esclaves) aurait certainement prononcé le maltais !
Keshav Der Temple, Keshoraipatan, Uttar Pradesh – Inde
Religion : hindouisme
Si vous visiter le Taj Mahal, ne manquez pas le Keshav Dev Temple, construit sur le présumé lieu de naissance de Krishna, huitième avatar de Vishnou et divinité la plus vénérée de l’Inde. C’est ce qu’affirme les épopées sanskrites de la mythologie hindoues (le Mahabharata et le Bhagavata Purana). À l’entrée du lieu saint, le caissier tentera – peut-être – de vous arnaquer. C’est dommage, car les centaines de bougies posées dans des diya (les lampes en argile) qui forment des mandalas et un immense svastika invitent au mysticisme. Gautama Bouddha aurait même séjourné dans la ville de Mathura, l’une des capitales de l'Empire kouchan (Ier – IIIème siècles) et capitale des Kushâna du Gange… Il ne manque plus que ces sectaires d’Hare Krishna qui récitent chaque jour mille sept-cents soixante-dix-huit fois le même nom divin pour couronner le tout ! Keshav Der Temple, c’est l’Inde bien perchée comme on l’aime !
Notre Dame d’Afrique, Alger, Algérie
Religion : culte catholique marital
De son promontoire haut de 124 mètres qui domine la mer et salut sa jumelle marseillaise, la basilique de style romano-byzantin en impose. Une stèle du souvenir rappelle les dangers de la Méditerranée. En ce jour de Toussaint, nous arrivons à la fin de l’office. Des français et expatriés donnent l’impression de ne pas être en terre musulmane mais dans les arrondissements parisiens chicos ! En pénétrant dans le lieu de prière, nous sommes marqués par l’inscription qui trône en plein c(h)œur : « Notre Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans » ; une autre phrase, en français, arabe et kabyle, annonce que « L'amour fraternel vient de Dieu. Il est Dieu même. » Je suis frappé par la mise en avant de la figure maritale… C’est à la suite du dogme de l'Immaculée Conception par Pie IX (1854), que fut édifié ce lieu de pèlerinage. Le pape lui accordera le titre de basilique. L’une des chapelles est consacrée à Saint-Augustin, abritant des ex-votos de Charles de Foucault, l’ermite du Sahara algérien. Des dédicaces familiales parsèment les murs de « Lalla Myriem ». Il y en beaucoup ! Une statue de la Vierge, couronnée d'or avec une parure de velours, domine le Christ en croix. Ici, Jésus se fait petit ! La preuve : une fresque représente Marie en gloire, entourée de personnages chrétiens d’Afrique du Nord (Cyprien de Carthage, Augustin d'Hippone, saintes Perpétue et Félicité, les martyrs de l'Ouganda de 1886, Charles de Foucauld et d’autres)… Point de Jésus ! En face, l’orgue, de manufacture française, a été inauguré par le Camille Saint-Saëns. C’est encore un Cygne que la basilique doit être visitée ! Au sortir du bâtiment, une sœur missionnaire me martèle que je n’ai pas assez cherché la présence de Dieu… Rassurez-vous, elle est bien en mission !
Our Lady of the Sioux, Chamberlain, Dakota du Sud
Religion : catholicisme
À Mitchell (Dakota du Sud), vous serez dans l’Ouest américain, qui gamin, vous faisait peut-être rêver. Chamberlain accueille un excellent musée sur les Lakotas. Vous serez à proximité du mont Rushmore et du mémorial Crazy Horse, et pas si loin de la mythique réserve de Wounded Knee. À moins de deux-cents mètres de l’Akta Lakota Museum, Our Lady of the Sioux fait écho à un Christ Indien dans une chapelle catholique assez dingue. La figure christique se rapproche-t-elle de celle de Wakan Tanka, le « Grand Esprit » (« Grand Mystère ») ? L’église renvoie, comme le clocher construit à partir de trois rectangles ascendants qui symbolisent les montagnes sacrées, aux Black Hills, centre du monde des Lakotas et Cheyennes. L’église est orientée vers l’est, certainement car on peut y voir l’étoile du matin des Lakotas ; elle annonce, avant l’aube, le lever du Soleil et l’illumination de la Terre… c’est poétique ! À l’intérieur, on y trouve les flèches des quatre directions lakotas, le Christ Indien d’Oscar Howe et surtout des vitraux qui mettent en avant les nouvelles traditions chrétiennes des Lakotas : la Femme Bison blanc qui amène la pipe sacrée, le Clergé amérindien, Saint Kateri Tekakwitha Kateri (la première amérindienne canonisée), ou les sept rites sacrés lakotas… Si vous aimez, comme nous, le syncrétisme religieux, c’est un cadeau du Ciel !
Medugorj, Bosnie-Herzégovine
Religion : catholicisme
Међугорје est la dernière étape bosniaque avant de rejoindre, pour beaucoup, la Croatie voisine. Depuis 1981, six Croates d’Herzégovine annoncent avoir assisté à l’apparition de Marie de Nazareth. Ainsi, la ville est un lieu de pèlerinage catholique officiel (autorisé par le pape François), qui chaque soir accueille une immense messe en extérieur, et des conversions massives.... C’est assez fou dans un pays à majorité musulmane ! Depuis leur retour de Terre sainte, les franciscains administrent l'endroit. Gonflé ! Les boutiques de souvenirs peuvent remercier les illuminés, elles qui surfent sur la vague et font leur beurre sur les figures maritale et christique. On n’y vend rien de bosniaque, uniquement des souvenirs de Croatie… Quel pays bizarre ! Une croix en béton de 8,5m de hauteur représentant Jésus aurait été élevée sur le mont Križevac, à l’occasion du 1900ème anniversaire de sa crucifixion ; les villageois affirment y avoir placé un morceau de la Vraie Croix... Des pèlerins grimpent ainsi au sommet de la colline des apparitions pieds-nus pour sentir la souffrance. « La douleur peut-être une source de plaisir » affirmait le Terminator façonné par Mozinor. C’est Maryland après Disneyland !
Pashupanitah, Népal
Religion : hindouisme
Pashupatinah est la jumelle de Varanasi (Bénarès). Y pénétrer, c’est l’assurance d’y recevoir le même choc que dans la ville indienne. On y célèbre Pashupati, l'incarnation de Shiva en tant que « maître des animaux » et considérée officieusement comme la divinité nationale. La rivière Bagmati accueille les corps calcinés qui brûlent sur des bûchers sculptés au bord du fleuve. Selon la tradition, seuls les défunts issus de la famille royale étaient brûlés en face du temple. Et si le défunt est honoré et (surtout ?) riche, il sera brûlé proche du temple... Et s’il est pauvre ? Hindous, vous nourrissez les inégalités jusque dans l’au-delà ! La ville sainte semble figée dans le temps et sent la mort. Elle est le refuge des moines, des fidèles et de tout le sous-continent. La ganja sacrée est de sortie, on la fume au shilom au son d’une musique sacrée. Des sâdhus, ces « saints hommes » mendient, et s’ils ont officiellement renoncé à la société, acceptent de se faire prendre en photos avec quelques stupides touristes qui lâchent de gros billets. Pas si cons ces « homme de biens » !
Lalesh, Kurdistan irakien
Religion : yézidisme
Après avoir roulé dans la montagne kurde, vous arriverez à Lalesh et la région du Bahdinan. La vallée est considérée comme sacrée par les Yézidis, une communauté monothéiste qui vénère Cheikh Adi Ibn Musafir, un cheikh né au Liban au XIème siècle, formé à la théologie sunnite à Bagdad, puis, attiré par le soufisme et le mysticisme ; sa dépouille se trouve dans une grotte éclairée à la bougie. Lorsque celui-ci arrive en retraite dans le village, il s’installe dans un monastère chrétien abandonné. À l’entrée des lieux de cultes, des sages proposent de bénir ces nœuds qu’ils font avec de la cordelette… contre rémunération ! On pénètre dans le principal temple, en enjambant une marche bien haute. Faites attention à bien faire les choses et ne pas prendre de possibles tombeaux pour de simples pierres où l’on peut se reposer… Ici à Lalesh, la religion yézidie, survivance du mithraïsme iranien et syncrétisme religieux depuis le XIIème siècle (et Adli Ibn Musafir) fait commencer son calendrier 990 ans avant le calendrier juif… L’Irak, berceau de la civilisation !
Lieux de culte indigènes à Elmina, Ghana
Religion : Asafo & vaudou
Sur cette Gold Coast, les mystiques sont partout. « There's a natural mystic blowin' through the air. If you listen carefully now you will hear » chantait Bob Marley dans Natural Mystic ! Quand ce n’est pas les rastas, ce sont les Asafo, ces groupes de guerriers qui émergent dès le XVIIIème siècle. Un chauffeur s’arrête un instant pour permettre de visiter un lieu de culte dont le sol est couvert de poil d’animaux sacrifiés. En pénétrant sur la terre sacrée, deux hommes arrivent très en colère en nous expliquant que nous avons commis presque un crime. Nous voilà dans l’histoire de Passepartout pénétrant dans un temple parsi chaussé… Ils nous menacent, nous mettent une pression dingue, semblent agressifs… L’achat d’une chèvre, d’un coq et d’alcool semble être la seule solution issue de secours. Après 1.001 excuses, on nous libère de nos chaînes. Natural Mystic le Ghana !
Temple des pythons, Bénin
Religion : vaudou
Dans le temple des Pythons, un iroko (arbre) sacré âgé de 600 ans conserve les esprits des ancêtres. Dans le sanctuaire, des pythons royaux, qui se nourrissent eux-mêmes à travers la ville, sont honorés telles des divinités de ce culte vodou. Leurs adeptes sont reconnaissables à leurs scarifications appelées « 2x5 ». Ouidah est le berceau du vaudou une partie de la forêt sacrée de Kpassè est accessible aux non-initiés. Dans la petite forêt dense humide, au croisement des cultures houéda et d’Abomey, des arbres sont vénérés dont cet iroko, symbole de la réincarnation du fondateur du royaume houéda. Mais aussi les divinités de la maladie, la guérison (Sakpata) ou de l’orage et la foudre (Hêbiosso). Ici comme à Abomey, les jours et les nuits sont emplis de mysticisme. On parle du Fâ (langage/message de communication avec les Orishas et les ancêtres), de Mawu (la divinité créatrice, « ce que l’on ne peut pas dépasser »)… Pour synthétiser ce complexe carrefour culturel, Pierre Verger écrivait, dans Dieux d’Afrique, que le vaudou est l’ensemble des cultes « qui s’adressent aux forces de la nature et aux ancêtres divinisés et forment un vaste système qui unit les morts et les vivants en un tout familier, continu, solidaire. »
Monastère d’Ostrog, Monténégro
Religion : Église orthodoxe serbe
Ostrog, le monastère orthodoxe serbe est taillé dans la roche. Il rappelle Amorgos (Grèce). Du monastère, la plaine de Bjelopavlici est majestueuse. Dans une église, des fresques du XVIIème siècle sont dédiées à la Présentation de la Vierge au temple. Dans une autre, dédiée au Saint-Crucifix et située à un niveau supérieur, on trouve des fresques de maître qui épousent la surface rocheuse d’une grotte. Le lieu saint abrite les reliques de Basile d’Ostrog (un saint serbe vénéré par les orthodoxes) conservées dans une chapelle taillée dans la falaise, une grotte dédiée à la Présentation au Temple de la Mère de Dieu, où il repose. Ses reliques feraient ainsi des miracles et guériraient les corps… Des pèlerins orthodoxes et catholiques, venus parfois pour guérir, sont ainsi en pleurs ! Enfin, et suite à la Révolution russe de 1917, les reliques de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem (les Hospitaliers) se sont retrouvées dans ce monastère, que les Orthodoxes pense protégé par Dieu… Ostrog, une expérience historique et mystique de tout premier plan !
Colline des croix - Šiauliai, Lituanie
Religion : catholicisme
Au fin fond de la Lituanie, la Colline des croix est le lieu de pèlerinage archi populaire par excellence. Depuis le XIVème siècle, des croix ont été posés sur une colline fortifié devenue un lieu de recueillement religieux…, et surtout patriotique ! 150.000 croix, rosaires, statues de la Vierge Marie, crucifix ou sculptures ont façonné un immense labyrinthe délirant à gloire d’un pays, d’une religion (le catholicisme), d’une identité nationale, notamment au temps de l’URSS. Ce n’est pas un hasard si les Soviétiques ont rasé le site au moins à trois reprises…, avant d’y renoncer définitivement en 1985 ! Jean-Paul II, en croisade contre le communisme, viendra ainsi sur le site (le déclarant site d’espoir, de paix, d’amour et de sacrifice), comme le pape François en 2018. Gloire au catholicisme au « Pays des Croix » !
Basiliques de Ravenne, Italie
Religion : christianisme primitif
Ravenne est réputée pour ses monuments paléochrétiens et byzantins (basiliques de Saint-Vital, Sant'Appolinare Nuovo) qui fournissent une documentation exceptionnelle sur le monde byzantin de Théodose Ier à Justinien. Le baptistère des Ariens, édifié par le roi des Ostrogoths Théodoric l'Amale au tournant des Vème et VIème siècles, est aussi un témoignage incroyable des croyances des Goths, qui comme d'autres peuples germaniques, avaient embrassé le christianisme sous la forme prêchée par Arius (IVème siècle) et considérée comme hérétique. Ce théologien alexandrin d'origine berbère affirmait que si Dieu est divin, son Fils est d'abord humain même si disposant d'une part de divinité. Mon dieu, quelle audace, quel toupet, quelle horreur !!! Évêques adeptes d'un christianisme canonique décidé par le concile œcuménique de Nicée, combattez ces hérétiques et sortez donc vos chrismes ! À la manière de L'Exorcisme bon dieu !
Mausolées chiites de Najaf & Kerbala, Irak
Religion : islam chiite
Dans le cœur chiite du pays, c’est un choc que d’entrer dans les villes saintes de Najaf puis Kerbala. La ferveur est franchement dingue. Au petit matin, la tournée des mausolées chiites débute par une vue panoramique sur les 5 millions de tombes et les figures de martyrs du plus grand cimetière du monde... Le premier mausolée est celui de l’imam Ali, le cousin du prophète, 1er imam du chiisme, 4ème calife de l’islam. Selon la tradition, Adam et Noé y seraient enterrés. Aux abords du sanctuaire, thé et pâtisserie de fortune sont servis. On aurait tort de s’en priver ! Il s’agit de contourner le bâtiment décoré de céramique turquoise puis face au pishtak, le portail en forme d’arc. L’intérieur grouille de pèlerins qui rallient le dôme couvert de 7.777 dalles de briques couvertes d’or pur. La foule est dense, surexcitée, c’est la cohue. Le complexe chiite de Kerbala abite, quant à lui, les mausolées des imams Hussein et son demi-frère Abbas. Le noir est partout, le tchador la règle. Hussein, petit-fils du prophète, mort au cours de la bataille de Kerbala ne repose pas en paix tellement la foule est dense et bruyante. Ceux qui s’y aventures sont bousculés par des bras, des torses, des mains qui tentent de toucher le Graal, les pèlerins sont en pleurs... Comment est le lieu au moment de l’achoura, jour anniversaire du massacre par les Omeyyades de Hussein et ses adeptes ? À l’extérieur, ça squatte de partout et des hommes portent parfois des cercueils d’une marche rapide, et en chantant. Hallucinant !
Église des Saintes-Maries-de-la-Mer, Camargue
Religion : syncrétisme catholique
La localité des Saintes-Maries-de-la-Mer, nichée au cœur de la Camargue, est célèbre pour ces Saintes (Marie-Salomé et Marie Jacobé) enterrées près d'une source, dont le jaillissement leur fut attribué. On les célébrait dans une chapelle édifiée en 992. Aujourd’hui, l’église d’architecture romane provençale du XIIème siècle ressemble à une forteresse, qui servit à protéger des invasions sarrasines et pirates... Une église avec un donjon, et surmontée d’un chemin de ronde et d’une plate-forme crénelée…, ambiance médiévale garantie ! À l’intérieur de Notre Dame de la Mer, Sara accueille les pèlerins, notamment les gitans qui la voient comme la sainte patronne protectrice de leur peuple ; leur pèlerinage du 24-25 mai rappelle le débarquement des premiers chrétiens dans la région. Ici, l'immersion rituelle des reliques dans la mer obéit, sur fond de bougies illuminées, a une tradition séculaire du XVIIème siècle, lorsque les locaux s’y prosternaient à genoux. Depuis 1936, les Bohémiens perpétuent la tradition, parfois encadrée par des gardians, ces cavaliers camarguais. D'après Franz de Ville (Tziganes, Bruxelles 1956), « l'un des premiers membres de notre peuple à recevoir la première Révélation fut Sara la Kali (…) Les Roms à cette période pratiquaient une religion polythéiste, et une fois par an ils portaient sur leurs épaules la statue d'Ishtar et allaient dans la mer pour y recevoir sa bénédiction. » Dans la tradition chrétienne, Sara la noire (ne la confondez pas avec la Vierge noire !), venue de Haute-Egypte, serait la servante noire des Maries. Après la Crucifixion, celles-ci et Marie-Madeleine auraient dérivé sur une barque vers la côte provençale puis de Camargue. En traversant la Méditerranée, crainte par les populations, ne seraient-elles pas les premières migrantes ?! Une autre version de la légende inclue Joseph d’Arimathie (le porteur du Graal). Belle imagination ! Pour les locuteurs du romani (les Gitans), leur protectrice, sapée comme jamais, serait la forme christianisée de Kãli : provenance indienne des Roms, signification romani de Sara e Kali (la « noire »), visage noire de Durga (Kãli) immergée dans l’eau annuellement en Inde, tout s’explique !
...Parmi, en partie, les sites visités ci-dessous:
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À suivre...
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