Nous avons sélectionné cinq jardins merveilleux qui auraient pu être une belle source d'inspiration pour le Printemps du maître florentin Sandro Botticelli... En route pour un petit tour du monde végétal !
Jardin Majorelle, Marrakech
La palmeraie de Marrakech se déploie au loin de la « ville rouge » ou « ocre », irriguée par les khettaras, ces rigoles souterraines artificielles qui drainent l’eau provenant de la fonte des neiges du Haut-Atlas. En soirée, la place Jemaa el-Fna se couvre de la fumée des grillades et des marchands de fortune ; c’est la cour des miracles ! Des cigognes ont élu résidence au sommet des murailles de la vieille ville. En matinée, on s’y régale de jus d’orange frais avant d’affronter le Jardin Majorelle, jadis propriété de Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent, qui aura ses cendres dispersées au milieu des cactus, yuccas, nénuphars, lotus, nymphéas, jasmins, palmiers, cocotiers, bambous, agaves ou bougainvillées. Le maître couturier dira : « nous fûmes séduits par cette oasis où les couleurs de Matisse se mêlent à celles de la nature » !
The Garden by the Bay, Singapour
Nous voici dans cette prouesse architecturale que sont les deux dômes de verre du Garden by the Bay : on pénètre dans un jardin botanique de toute beauté avant de poursuivre par l’ascension de The Cloud Mountain d’où s’échappe une cascade artificielle de 35 mètres. Nous finissons la descente de la structure par un Lost World qui porte bien son nom. Je rêverai de montrer le site à ma mère. C’est une expérience hors norme, tout simplement. Après l’opéra de Sydney, il fut pour moi un choc. Des années plus tard, c’est toujours le cas. Voici venue le temps d’une balade nocturne suivi du spectacle son et lumière sur la canopée faite d’arbres artificiels. Avec vue sur Singapour et les trois sœurs du Marina Bay Sands, c’est tout simplement grandiose. Là-bas à 200 mètres de hauteur, une piscine à débordement domine la ville du millénaire...
Le jardin botanique de Madère
Funchal permet aisément de rallier Monte, le quartier des hauteurs de la bourgeoisie madérane ; on y trouve le délicieux jardin botanique, assurément l’un des plus beaux d’Europe. Un jour peut-être, on y verra la mamma ! L’île abrite une grande quantité de plantes endémiques ; des ambiances méditerranéennes aux écosystèmes désertiques, nous voyageons dans le pays du végétal. Le jardin est franchement somptueux. Monte est également célèbre pour avoir été le lieu de résidence de l’impératrice Sissi ; le village abrite, au sein de sa cathédrale, le tombeau du dernier des Habsbourg, l’empereur Charles Ier d’Autriche-Hongrie décédé en exil en 1922. Historique !
Jardins de Shiraz, Iran
Dans la ville des fleurs et des oiseaux, comme partout ailleurs dans le pays, il faudra payer (trop) cher l’entrée de monuments qui n’ont que (trop) peu d’intérêt (la citadelle par exemple). Seuls les neuf jardins inscrits au patrimoine de l'Unesco valent le coup d'oeil. Nous avons le temps seulement pour le jardin d’Eram (en farsi; Bagh-e Eram) qui date de la fin de la dynastie Zandieh. Un très beau pavillon, de style Safavid et Qajar à trois étages, est entouré de cyprès, d'orangers, d'odeurs du printemps. Sarv-e-Naz, l'arbre vieux de 200 ans, attire des visiteurs du monde entier. Ici, les poèmes chantés du grand Hafeez (« Celui qui connaît par cœur le coran ») qui célébrait l’hédonisme, l’amour et le vin, comblent de bonheur !
Jardins classiques de Suzhou, Chine
Je débarque à Suzhou qui compte des trésors de jardins classés par l'Unesco. Ceux-ci sont des endroits paisibles couverts de cerisiers, pins, magnolias, cyprès, bananiers, ginkgos, camélias, bambous ou très anciens bonsaïs. Ici, des vieux fument en jouant aux cartes, là, les enfants se perdent dans un dédale minéral formé de grottes, passerelles, galeries. Ici, on y trouve des ateliers réputés de soierie, ailleurs, dans le jardin où le grand architecte Ieoh Ming Peï a passé une partie de son enfance, une galerie couverte de tuiles (écailles ?) se love à la manière d'un dragon autour d'un bassin colonisé par les fleurs de lotus. Dans le très beau Jardin de la Politique des Simples qui recrée un paysage de la basse vallée du Yangtze, la végétation exubérante des bambous, mandariniers, saules, grenadiers joue avec les galeries labyrinthiques qui rejoignent les nombreux pavillons. On peut expliquer le nom du lieu par la simplicité de l'existence prônée par Pan Yue, un lettré de la dynastie Jin (« cultiver son jardin et vendre sa récolte de fruits, c'est la politique de l'homme simple »). De belles heures en perspective !
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