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Afrique du Sud & Namibie - En attendant l'Okavango

Dernière mise à jour : 9 nov. 2022

Août 2009

Nous voilà à Windhoek, capitale d’un très jeune pays (1990) : la Namibie. Le « coin du vent » est triste et mis à part quelques traces d’histoire (l’église luthérienne, le fort allemand) et un centre-ville un peu boring où l’on peut déambuler sur Independence Avenue/Kaiser-Straße, il n’y a rien à faire. Nous, c'est une quinzaine de personnes qui rallient les chutes Victoria au Zimbabwe, grâce à Marvin, un énorme truck, une machine de guerre que vous aimeriez avoir si vous viviez à la Mad Max.


Les voyageurs solitaires n'existent pas, ils ont « disparu » et se sont rassemblés pour vivre leurs rêves tant bien que mal. L’Afrique australe est onéreuse, bien trop. Ainsi, beaucoup n’ont pas les moyens de se payer des 4x4 personnels avec chauffeur ! Ici, il n'y a que le désert ou presque, et quasiaucun moyen de transport, un tourisme haut de gamme donc... Me voilà donc (presque) obligé de passer par une agence de voyages. Mon groupe est cool, tranquille, on s'entend bien notamment avec Tyler de Toronto, Christine de NYC, Blake 100% Californien, quelques Allemands (Suzanne, Alice, Daniel), notre guide Ferdie ou Simba, notre chauffeur. Il y a enfin Bob et son accent au couteau sorti tout droit d'un pub de Limerick. Il espère rallier Le Caire. A-t-il oublié le Soudan et les extrémistes religieux du nord du Kenya et du sud de l’Ethiopie ? Si cela me fait bizarre de voyager avec autant de monde, je n’ai point de regret pour l'instant ! C’est un vrai plaisir de partager des feux de camp avec des gens devenus familiers, de camper dans des lieux insolites parfois magiques (le désert, le bush, des roches de granit...), de profiter comme jamais auparavant du lever et du coucher de soleil au milieu de nulle part, d'être ravi de se lever à l’aube pour profiter du spectacle incroyable de la nature. Ainsi, ce ne sont pas des vacances mais une expérience.

Après le plaisir de chiner quelques romans au Cap - devenue presque familière -, nous traversons le Namaqualand et ses champs floraux multicolores. C’est à la fois aride et printanier comme si Monet avait peint au milieu du désert. Cet espace de 440.000 kilomètres carrés s’étend le long de la côte atlantique sur plus de 1.000 kilomètres. Il doit être grandiose lors de la saison de la floraison au moment où la région aride se transforme en un kaléidoscope de couleurs. Pour arriver en Namibie, il nous faut traverser le fleuve Orange et son spectaculaire Fish River Canyon. Au milieu de l’été, la chaleur doit y être insupportable. Plus grand encore que le Blyde River, il est probablement le troisième plus grand canyon du monde avec 160 kilomètres de long. Dans le parc transfrontalier du Ai-Ais Richtersveld, la rivière Fish rejoint le fleuve Orange. On s’y balade quelques heures. C’est absolument stupéfiant !

Nous arrivons dans le territoire des Hereros, un peuple autochtone exterminé par les Allemands dans leur colonie du Sud-Ouest Africain. En 2008, la Revue d’histoire de la Shoah parlait d’ailleurs de premier génocide du XXè siècle… Voici venue le temps du vide. La Namibie est une étendue désertique immense, il n’y a pas âme qui vive ou presque. Le pays abrite le Namib, le désert le plus aride au monde avec l’Atacama sud-américain. Le Benguela, un courant maritime froid, bloque en effet toute précipitation. Le temps est très long pour moi qui n'a plus de lunettes pour lire. C’est alors qu’un miracle se produit : alors que Marvin s’arrête au milieu de nulle part, je trouve une paire qui me va presque comme un gant sur le bord de la piste ! Nous rallions la « baie des baleines » (Walvis Bay) où le portugais Bartolomeu Dias, à la recherche de la Route des Indes, fit accoster son navire puis Swakopmund, une station balnéaire fondée par les colons allemands. Devenue ville « blanche », on y parle afrikaans et encore allemand.

Nous vivons deux expériences qui me marqueront à vie : la montée des 375 mètres des dunes de Sossusvlei puis une session de sandboarding (sur une planche de snowboard) et flatboarding au milieu d'une mer de dunes. Quel sentiment incroyable que celui d’être lancé en plein Namib Naukluft à plus de 70 km/heure en plein désert. Seul hic : il n’y a point de remontées-mécaniques ! Les paysages de Sossusvlei sont parmi les plus beaux qu’il m’a été donné de voir. Alimenté par la rivière Tsauchab qui se perd rapidement dans l’argile asséchée, l’oued forme au final un désert de sel (et d’argile donc) célèbre pour ses dunes de sable rouge ; c’est plus qu’une mer de sable, c’est un océan ! L’hostilité est telle que rien n’y pousse mis à part quelques acacias. C’est une véritable mission que monter ces dunes réputées les plus hautes du monde ; parti comme un avion, j’en chie sévère et finis sur les rotules ! Non loin du salar, la cuvette d’argile de Dead Vlei est à couper le souffle : les arbres noircis presque pétrifiés par le soleil et le vent forment de véritables sculptures végétales : après le désert Salvador Dalí situé dans l’altiplano bolivien, me voici de retour dans une galerie d’art à l’état sauvage. Là-bas, les rochers découpés par les vents parsemés de vastes étendues de cailloux aux tons ocre clair évoquaient les peintures du maître, ici ce sont les arbres sculptés par les éléments.

Et puis nous arrivons à Spitzkoppe, célèbre pour ses immenses blocs de granit (ou bornhardts) rouge plantés au milieu d’un bush jaunâtre. Une roche vieille de 700 millions d’années accueille les nombreuses peintures de Bochimans, ce peuple que j’avais découvert en famille devant Les dieux sont tombés sur la tête. Cette comédie de Jamie Uys narrait les tribulations d’une tribu du Kalahari autour d’une bouteille de Coca-Cola tombée du ciel et donc considérée comme cadeau des dieux. Voici le décor unique d’une nuit à la belle étoile : c’est tout simplement splendide. En y repensant, j’en ai des frissons. Je lâche mon groupe pour une balade solitaire. Une envie d’escalade ? Je tente de grimper la roche granitique. Une nouvelle fois, c’est absurde ! Me voilà à glisser le long d’une paroi trop lisse pour mes chaussures fatiguées. Ce n’est certainement pas pour rien qu’on appelle Spitzkoppe le « Cervin de Namibie » ; il culmine d’ailleurs à 1.784 mètres d’altitude. Je risque « presque » de tomber dans le vide. Plus de peur que de mal ! Nous terminons notre traversée namibienne par cette expérience où je suis plus que mitigé : la visite d'un village Himba, un peuple qui habite entre la Namibie et l’Angola. Des groupes de touristes sont venus shooter la misère et l’enfance sans aucune discrétion et décence. Ça fera peut-être bien lorsqu’au détour d’un dîner entre gens civilisés, ils expliqueront qu’ils ont vu l’Afrique, la vraie, celle des petits noirs démunis qui habitent des cases au milieu de la brousse. Ils expliqueront peut-être aussi, après avoir lu un Bernard-Henri Lévy ou l’un de ces trous de balles soi-disant humanistes, qu’il faut les sauver de la misère et y faire de l’humanitaire. Les photos s’enchaînent et termineront peut-être dans une galerie d’art ou pire sur Facebook. Il y aura quelques « like » et des commentaires comme « Bravo pour ton aventure » ou « C’est génial de vivre ça ! » Je participe pourtant (in)directement à cela…, et ça me fout la gerbe !

Pour terminer notre périple namibien, Marvin nous emmène dans le parc d'Etosha dans le nord du pays. Il signifierait probablement « grand espace blanc ». Depuis des jours, nous le pistons en Afrique du Sud et le voilà enfin. Un énorme rhinocéros s'approche d'un point d'eau à la nuit tombée. Il nous montre que son gros derrière le saligaud ! Nous voyons des éléphants, puis plus tard une girafe qui regarde le combat spectaculaire entre deux rhinocéros. Deux lionnes s'abreuvent, des oryx et des hartebeests, ces antilopes du désert, se joignent au meeting... Au moment du coucher, des chacals hurlent avant de traverser le camp. Ferdie nous met en garde : les chaussures, c’est dans la tente ! Puis il nous raconte l'histoire de ce ranger qui s'est assoupi sur un banc hors de sa tente. Au matin, il ne restait que les restes... Man versus Wild.







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