Jorge Amado en quelques mots...
Jorge Amado (1912-2001) est l'écrivain brésilien le plus adapté à la télévision brésilienne et au cinéma. Jeune homme, il part pour Salvador, ancienne capitale du Brésil, alors en décadence. Il va y faire ses premiers armes de journaliste. Militant communiste, il s'engage dans le roman prolétarien. Il écrira en même temps qu'il étudiera le droit. À Rio de Janeiro, il publiera son premier roman "Le pays du Carnaval". Ce pays, il devra le quitter en 1941 contraint à l'exil. Très populaire au Brésil où elle atteint des tirages considérables, l'oeuvre de Jorge Amado est en outre traduite dans le monde entier, en près de cinquante langues.
Extrait de Bahia de todos santos, 1935
"La ville dressait vers le ciel les mille bras de ses églises. Du quai on apercevait les rues montantes, les vieilles bâtisses. Des lumières brillaient là-haut et les nuages blancs qui couraient au ciel ressemblaient à des moutons. (...)
Il se perdait dans la contemplation des choses. Il y avait une étoile, juste au-dessus de sa tête. Il ne savait pas son nom, mais c'était une grande étoile jolie, qui lui faisait de l'oeil. Il ne l'avait encore jamais vue. La lune se montra, énorme, et versa jusqu'au fond des maisons une lumière si bizarre qu'il ne reconnut plus la ville. Il pensa qu'il était un matelot et qu'il venait d'entrer dans un port étranger. Les nuages couraient sur le ciel. C'étaient des moutons. Des moutons blancs, énormes. Dans la ville basse il n'y avait personne. C'était bien la première fois qu'il rêvait comme ça tout éveillé. Déjà Bahia n'était plus Bahia et lui n'était plus le nègre Antonio Balduino, Baldo, le boxeur, celui qui avait aux macumbas de Jubiaba et qui s'était fait battre par le péruvien. Qu'est ce que c'était bien que cette ville-là? Où donc étaient partis tous ceux qu'il connaissait ? Il regarda du côté du port et vit le bateau. Bien sûr c'était l'heure de rentrer ; on l'attendait à bord."
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