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Népal - La boucle népalaise

Dernière mise à jour : 9 nov. 2022

Décembre 2008

Mon étape au Népal touche à sa fin. Ce pays par certains aspects ressemble beaucoup à l'Inde. Et pourtant, il est bien différent : les Bouddhistes sont très nombreux, les femmes plus libérées, le thé est moins sucré, l'influence du Tibet est forte (peinture, stupas, cuisine...). Katmandou a un charme fou avec ses magnifiques temples, ses innombrables ruelles. C’est un labyrinthe où l'on se perd avec le sourire. Pourtant, la circulation d'une densité étouffante me fatigue. Bruit incessant des klaxons, motos qui vous frôlent toutes les cinq minutes, la ville doit être invivable. J'apprécie, mais j'éprouve rapidement le besoin de fuir vers des contrées plus calmes.

Direction Bhaktapur, une merveille de cité médiévale qui abrite ses trois chefs-d'œuvre de Durbar square (places). Nous sommes en pays newari, l’ancienne langue officielle du pays. Avec Ernesto, de Toledo, avec qui je fais la route depuis la frontière, on joue au chat et à la souris avec les multiples gardiens afin d'éviter de payer les dix dollars que coûte l'entrée du cœur médiéval. Sans doute l'esprit latin... Nous voilà au cœur de la cité fondée au XIIè siècle par un roi, Ananda Deva Malla. Elle domina le Népal jusqu’au XVIè siècle en étant sur la route de l’axe économique majeur Inde-Tibet, les marchandises étant taxées. Dans « la cité des dévots », tout semble régi par les dieux, de ses constructions (les temples de Ganesh) à son organisation calquée sur les mandalas (les aires rituelles utilisées pour évoquer les divinités hindoues). Un « triangle magique » est censé protéger symboliquement la cité. À Bhaktapur, Au cœur des Himalayas je suis. Dans son livre, l’orientaliste Alexandra David-Néel écrivait « Il y a quelque chose d'irréel dans les édifices dans lesquels on se trouve. On a l'impression de figurer sur la scène d'un théâtre, au milieu des décors. On s'attend à entendre un coup de sifflet et à voir surgir des machinistes qui soudainement enlèveront ces palais et ces temples fantastiques ».

Ernesto et moi filons à l’est de la capitale vers le Ganesh Himal, l’aire géographique des Tamangs, une ethnie proche des cultures tibétaines et sherpa. Nous sommes précisément à Nagarkot, un petit bonheur niché dans les montagnes d'où l'on aperçoit la magnifique chaîne du Langtang. Les 7.000 mètres attendent les trekkeurs du monde entier qui s’en iront certainement rejoindre la vallée. Ces montagnes sont sacrées pour Hindous et Bouddhistes. C'est dimanche à Nagarkhot, on se croirait à la kermesse. La foule énorme est un mélange de vénérables moines bouddhistes pendus à leurs portables, de scolaires, de nombreux travestis et d'une foule de jeunes qui pousse la musique à fond. Le soir, je me fais le messager de mes potes Bart et Saïmon auprès de Black Français (et Black Fuscia) avec qui ils ont passé de longs moments. Je goûte aux délices du Népal la tête dans les nuages, ils m’offrent un pendentif en forme de feuille de ganja. C'est bien bon. Au matin, la vue est immense…

C’est l'heure de gagner Pokhara où il n’y a pas grand-chose à faire. Mise à part les démarches administratives afin obtenir un permis de trek, c 'est « chill out »… Et c'est pour ça que ça me plaît ! Les périphéries de la ville touchent le pied de la chaîne des Annapurna. Un impressionnant stupadomine un beau Phewa Tal. Nous faisons une jolie balade près du lac. La vue des montagnes de l’Himalaya est superbe. Annapurna donc, mais aussi Manaslu (8.163 mètres) et Dhaulagiri (8.167 mètres) sont visibles depuis ici. Que dire ? C'est à Pokhara que débutent quelques-uns des plus fameux treks du pays. J'avais décidé de ne pas m'engager seul et en hiver dans la montagne. Il faudrait être inconscient pour faire cela. À deux, ça change la donne. Pour trois-quatre jours, nous partirons dans les montagnes rejoindre la fameuse colline de Poon Hill (3.200 mètres). Direction l'un des plus beaux points de vue sur les Annapurna. Bien que les 4.500 mètres de dénivelés en trois jours me cassent les jambes, c’est formidable. Saison touristique terminée, climat moins rude que je l'avais imaginé, sentiers balisés, « facile » !... Surtout pour les sherpas qui montent des charges énormes à une vitesse folle. Les étapes sont courtes mais les montées sont summum uniquement faites d'escaliers. C’est dur ! Cela me rappelle la montée par nuit glaciale vers un promontoire rocheux mythique (le Machu Picchu) depuis le village d’Aguas Calientes, 400 mètres en contrebas. Nous l’avions monté en cinquante minutes avec Kevin, belle performance pour ceux qui se sont frottés aux énormes marches sculptées par les Incas ! Des Andes à l’Himalaya, il n’y a donc qu’un pas. La vue des levers et couchers de soleil sur les Annapurna est à couper le souffle ! C’est le spectacle grandiose de collines embrumées, de la lune derrière l'Annapurna I (8.091 m), de caravanes d'ânes et de jolis villages. Sur le retour, des cultures en terrasses, une forêt digne de Greystoke de Hugh Hudson et une vallée magnifique s'offrent au regard.

Saleté de visa. Trente dollars les deux semaines et pas un jour de plus ! Il faut donc décoller et quitter le pays. Après avoir perdu mes jambes en montagne, je perds cette fois mon dos après dix heures sur une route de montagne. Près de moi, une jolie népalaise qui m'écrit « I love you » est incapable de parler anglais. J'arrive à Lumbinî épuisé par ce voyage, à cause peut-être aussi de ce clasico regardé par mon « coloc' » espagnol (à 3h45 du matin !), à cause surtout de cette mauvaise sono qui hurle pendant tout le trajet les trois mêmes cassettes en boucle... C’est le genre de moment où je me demande « qu’est-ce que tu fous en voyage si loin d'un plateau de fromages, d'une bonne bouteille, d'un bon DVD ? » Aaarrrgh ! Reposé, je découvre avec déception le lieu de naissance de Bouddha et l'arbre où il méditait. Des locaux se prennent en photo devant le lieu saint. Il y a pourtant peu de pèlerins. Les dizaines de temples de la ville sans aucun intérêt. Tout est bon pour le business, on se croirait presque dans un Disneyland religieux, c’est Graceland où Bouddha a remplacé Elvis. Ça fait un peu pitié quand même ! Malheureux de ne pas pouvoir revoir Vârânasî, je dois rejoindre Delhi au plus vite. J’ai besoin de temps pour demander et obtenir un visa vietnamien. Bye bye Ernesto.

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