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La feuille d'érable - Québec & Ontario

Juillet 2024

Rendez-vous à Roissy avec Jules, notre excellent travel buddy qui tentait de me suivre sur les pentes de la chaîne des Annapurna. Deux Français expatriés au Canada nous mettent à disposition leur basement dans la banlieue de Québec City. Bel-Air ressemble à ce que nous nous imaginions des périphéries des métropoles américaines : voitures individuelles, pelouses, panneaux de basket, maisons… bien moins huppées que celle d’Oncle Phil ! Panneaux « Arrêt » à tous les coins de rue, bienvenue au Québec ! Québec City, bien jolie je l’avoue, fait sourire les collègues, déjà amoureux de ce petit bout de France. Devant le château Frontenac, je suis embarqué contre mon gré pour faire l’assistant d’un circassien américain. Son show terminé, les dollars verts et canadiens sont de sortie… Elle est loin la (Nouvelle-)France ! Nous tentons d’accéder aux Plaines d’Abraham, lieu de rassemblement autant qu’historique. Elle fut le cadre d’une célèbre bataille (1759) de la guerre de Sept Ans qui opposa les armées britannique et française. À l’issue de la guerre, la France y perdit l’Acadie ou la Louisiane, alors que nos voisins virent leur territoire s’agrandir, dur ! L’immense plateau vallonné est inaccessible, car ce soir les Jonas Brothers s’y produisent dans le cadre du Festival d’été. En 2007 déjà, j’avais eu la chance d’assister à quelques concerts du célèbre festival. De petites scènes gratuites sont installées dans le centre-ville. Sur les quais, le porte-avions USS Carney est venu pour une cérémonie probablement inutile, celle qui célébrera – peut-être – son ingénierie et glorifiera – à coup sûr – ce vaisseau de la mort. « Attachez votre tuque ! » les amis et pagayez sévère. Sur notre canoë, nous avançons lentement sur la rivière Saint-Charles au son d’une musique des Natifs hurons dénichée par Maghnia, pendant que Jules ne jure que par Yakari, la bande dessinée de Job et Derib sortie en 1969. Moi, c’est Petit Tonnerre, son fidèle compagnon mustang, que je préférais ! Écritures en langue iroquoienne, nous sommes déjà dans la minuscule réserve Wendake, chef-lieu de la nation huronne-wendat. S’il ne reste que peu de maisons-longues dans le « Village-des-Hurons », la culture indigène est bien revendiquée, des magasins proposant des fourrures à ce restaurant haut de gamme qui nous offre un voyage gastronomique en pays huron. Les premiers colons européens ne s’y sont pas trompés. Depuis la création du monde selon les Hurons, ces derniers ont bien fait d’opter pour la bannique, ce pain plat sans levain et au saindoux ! Cette nuit, une petite souris que l’on nomme Poline a décidé de venir troubler mon sommeil.

Maghnia a déjà terminé La grosse femme d’à-côté est enceinte de Michel Tremblay lorsque nous arrivons à Montréal, déjà prête à retrouver ses copines Huda Beauty à l’auberge Saintlo. En ralliant le Vieux-Montréal, le temps se gâte et gâche la visite, la faute aussi aux très nombreux travaux qui ravagent la voirie. Les amis goûtent leur première poutine. « Ça se tape ! » concluent-ils. Le sublime récital d’orgue dans la cathédrale, un petit financier à l’or blond du Québec, voici les seuls moments de réconfort pour eux qui n’aiment pas ce centre-ville... Avec ces nombreux festivals auxquels nous avions assisté avec l’ami Kévin lors de l’été 2007 (Juste pour Rire, reggae, Francofolie), je l’avais tant aimé ! Rapidement, les taxes nous surprennent et nous fatiguent, surtout lorsque le service est nul ou à chier. C’est la première fois que Sarah tente l’expérience auberge de jeunesse… Sa nuit est paisible, yeah ! Le Mont-Royal, et ses 550 marches, se mérite. C’est (déjà et toujours !) l’heure du thé avant la descente vers le Plateau. Dans l’après-midi, les bars du quartier font recette grâce au match de l’équipe de France de football, et ce soir, le Canada défie l’ogre argentin lors de la demi-finale de la Copa America, cette compétition faiblarde trop souvent promise à deux pays. Le Plateau, ses quelques fresques, ses escaliers et balcons en fer forgé, enthousiasme tellement Maghnia qu’elle y reviendra dans deux mois ! Je frenche ma blonde pour lui donner le sourire. Sur la route menant à la Rage Academy pour une session de lancers de haches, c’est Rendez-vous en pays inconnu, celui des exclus et des drogués ! J’avais vu pire à Vancouver. Qu’en est-il à Toronto où plus d’un jeune sur deux dans la province de l’Ontario dit souffrir d’un trouble mental ? Car la ville compte plus de dix mille sans-abris et la consommation de crystal meth, la drogue popularisée par Walter White et Jesse Pinkman, est en hausse. Heisenberg, ta merde détruit bien des vies !

Le départ pour la gare centrale se fait encore sous la pluie. Je suis tanné ! Les filles, avec leurs énormes valises à roulettes, se sont rajoutées une contrainte qu’il aurait été bon d’éviter. Trente, quarante kilos ?! Gloire au sac à dos ! Nabil, un Tunisien d’une gentillesse extrême, habite la banlieue d’Ottawa, capitale de ce pays de 10.000.000 km². Dans notre bus menant au centre, un homme fait une attaque cardiaque. C’est la panique. Jules, à quoi sert ton brevet de secourisme ? Le centre est morose. Seule la colline du Parlement, les bords du fleuve des Outaouais et Market Bay semblent intéressants. Devant celui-ci, un petit concert fait tranquillement passer la petite douceur que propose BeaverTails. Ce matin, Maghnia s’est donnée pour nous préparer des pancakes au sirop d’érable. Il faut prendre quelques forces pour apprécier notre petite balade dans le parc du Gatineau. Pour certaine, le retour est difficile, la faute en partie à un réseau de transport inexistant au sortir du lac rose. Par gentillesse et compassion, Nabil nous emmène dans son jardin secret, le glacier fétiche de ses garçons, avant de nous raconter sa vie d’immigré. Tout n’est pas rose au pays de l’érable ! Avant de rallier Toronto, il faut trouver un Dépanneur, car c’est là que l’on y trouve les distributeurs. On essaie Harvey's, une grande chaîne locale. « Ça se tape ! » rediront les mêmes. Direction le sud-est du centre-ville et Distillery District, l'exemple de zone industrielle d'architecture victorienne la mieux conservée d'Amérique du nord ; le quartier rénové est le parfait exemple de gentrification, où l’on vend à prix d’or un canapé pour une séance de cinéma en plein-air. On y revient pour un carrot cake matinal, avant de rallier le marché de Lawrence, l’Iron Building puis les sommets de la CN Tower, située en face de l’antre des Blue Jays, la seule équipe canadienne à avoir gagné les World Series de MLB (baseball). Le tarif exorbitant pour ne rallier qu’une partie des 553,33 mètres de la tour n’en vaut pas la peine. Mais la CN reste le plus beau symbole d’une ville née par et pour les gratte-ciels ; c’est d’ailleurs l’une des villes du monde qui en possède le plus ! Pendant que Nawell, Sarah, Jules et Teddy jouent les bourgeois dans le resto de celle-ci, Rodrigo, la blonde et son cheum parcourent un Toronto, finalement assez vert et fort séduisant. Jules nous rejoint au Hockey Hall of Fame pour une session ludique assez loufoque ; en cabine, on s’essaye – à tour de rôle – au rôle de commentateurs ou de journalistes sportifs. Évidemment que je suis le best ! En soirée, c’est la hess…  Eh oui, encore une noodle soup ! Il pleut depuis des jours, c’est lassant. La météo capricieuse pourrit notre début de voyage, notre découverte de Kensington Market ou de la sympathique Graffity Alley ; j’y déniche un Obey. Il pleut des cordes sur Chinatown, qui – avec Kensington – est le parfait exemple du cosmopolitisme d’une métropole multimillionnaire qui compte deux-cents origines ethniques. La devise de la ville n’est-elle pas « Diversity Our Strength » ? Ainsi, Kensington District fut construit puis transformé par des juifs ashkénazes, les immigrants irlandais, écossais, caribéens, portugais, iranien, vietnamiens ou d’Afrique de l’est. Dynamique, Toronto a beaucoup à offrir. Nous voici déjà dans un bus en direction des très larges chutes du Niagara. À peine arrivés que nous voici déjà en face des trois cataractes qui relient les lacs Érié et Ontario. Leur petite hauteur (57m) contraste avec le débit colossal (2.800 m3/s), qui permet la production d’hydroélectricité. Mis à part la balade verdoyante à la découverte d’un navire échoué dans le fleuve, la ville de Niagara Falls n’est qu’une immense aire de consommation, un Disneyland d’arcades bâti pour dépenser le moindre dollar. Heureusement que je trouve la Niagara Brewing Company ! Intéressante Niagara Falls ? Pantoute ! Demain, pendant que Jules s’en retournera vers Toronto, l’esprit déjà happé par les J.O, nous traverserons le pont qui relie la partie états-unienne de la ville. Au moment de franchir la porte de non-retour, un dessin de feuille de marijuana est barré par un panneau stop. Il s’agit à présent de payer le portillon d’accès permettant l’accès à la rive voisine. Sont-ils sérieux ?! C’est l’Amérique !



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