Septembre 2008
J'ai mis plus de trois jours à rallier Maseru, capitale du Lesotho, une monarchie soi-disant constitutionnelle de moins de deux millions d'habitants. Elle est une enclave de toute beauté au milieu de la puissante Afrique du Sud d'une extrême pauvreté. L’ancien protectorat britannique (Basutoland) est donc enclavé dans le territoire sud-africain, entre 2.500 et 3.000 mètres d’altitude. Les Lesothoniens vivent dans les nuages, dans le seul pays du monde dont l’ensemble du territoire est à plus de 1.000 mètres d’altitude. C’est un royaume dans le ciel, presque Le château dans le ciel de Miyazaki ! Le temps semble s'arrêter aux portes de la patrie des Sotho/Basotho, peuple de cavaliers et de bergers. Ici, les gens sont Chrétiens depuis l’arrivée des missionnaires protestants français au XIXè siècle. Ils furent suivis par les Anglicans évidemment et par des Catholiques. Les habitants du royaume sont d'une admirable gentillesse, portent la traditionnelle couverture en laine, parlent sésotho (sotho) et les jeunes filles ont toutes les cheveux courts. Une Basotho me dit qu'elles les coupent à la mort d'un être cher... Je n'ose imaginer le pire...
Dans le royaume, les infrastructures sont inexistantes, l'eau courante et l'électricité sont très rares. Traverser le pays se révèle une expérience au-delà de mes espérances. Il n’y a pas de touristes... c’est le pied ! D’ailleurs, mon Lonely Planet ne m’indique que trois backpackers dans le pays. Le premier est vide, le second situé dans la très peu attractive Maseru, le troisième perdu à la sortie d’un village n’a pas d’eau ni d’électricité et est tenu par une vielle Malgache qui ne parle ni le français ni l’anglais. C’est bien dur de se faire comprendre et de trouver un endroit pour se restaurer. Je longe les murs d’une école, je regarde, j’écoute. L'Afrique du Sud est à des années-lumière. Pourtant, je ressens un immense bien-être à parcourir canyons et montagnes à cheval en compagnie de Kyoshiu un Japonais, Allison et Laura, deux Américaines. Nous passerons deux jours à cheval à arpenter la région de Malealea, suivre des rivières, remonter vers des collines et rallier une cascade rafraîchissante. Le soir, nous dormirons dans une case traditionnelle à même le sol. C’est un tourisme « roots » et sans chichi… et ça fait du bien. La frontière naturelle avec l'Afrique du Sud que constituent les monts Drakensberg ainsi que le Sani pass (un immense no man's land entre les deux pays) est tout simplement magnifique !
Je rejoins le « pays des Zoulous »/le « lieu du peuple du ciel », la province du KwaZulu-Natal plus précisément et passe mes derniers jours en Afrique du Sud à Umkomaas sur la Wild Coast au sud de Durban en compagnie de Julia et Andréa, deux Canadiennes des Rocky Mountains rencontrées quelques semaines avant à Pretoria. La ville est considérée comme l'un des meilleurs spots de plongée au monde. N’est-ce donc pas un peu con d'avoir oublié ma licence CMAS à Paris ? Des années après mes plongées d’adolescence en Martinique et sans n’avoir plus jamais pratiqué depuis, l’ai-je d’ailleurs encore gardée ? « Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ne peuvent pas connaître », celui où internet n’existait pas ! Avec les filles, on se relaxe en fumant quelques narguilés, en chantant dans un pub tenu par leurs deux amis locaux. Dans l’après-midi, je pénètre dans un bar où l’on regarde du football. Je suis le seul blanc et quelque peu dévisagé. Suis-je une bizarrerie ? Quel choc pour moi ! Le matin même à l’heure du petit-déjeuner, un match de rugby du Tri Nations opposait Springboks et Australiens. Le café de l’hôtel accueillait quelques fans locaux… tous blancs pardi ! Je rencontre aussi Stéphane, tuteur installé sur une petite plage du sud Mozambique. La vie semble bien dure pour lui...
Après des semaines à arpenter l’Afrique australe et à galérer en anglais, il me tarde quelque peu d'être à Madagascar, pays civilisé où l'on parle le français ! Je décolle dimanche pour Antananarivo, mon objectif étant de descendre le pays vers le sud et rallier les hautes terres du centre. Huit ans après ma première visite… Je compte évidemment me remémorer les beaux moments passés à Mahasolo avec une équipe d’étudiants en médecine. Nous avions construit une bibliothèque de brousse. Cette fois, je tenterai d’éviter à la fois une nouvelle rage de dent qui m’avait pourri le séjour et empêché de dormir presque chaque nuit, mais aussi d’attraper à nouveau la malaria qui m’avait scotché trois jours au lit... Pense donc à ton traitement Tanguy ! Clémence, Simon, Ariel, Babou, Anaïs je pense à vous !
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