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Malaisie & Brunei - Le Sultan

Dernière mise à jour : 27 janv. 2023

Juillet 2019

Notre périple estival débute à Kuala Lumpur. Malgré mes nombreux passages dans cette ville, elle représente toujours tout ce que je n’aime pas : un trafic routier insupportable, une place plus que limitée aux piétons, une place démesurée donnée aux centres commerciaux, une architecture sans charme et j’en passe. Si Maghnia veut explorer la ville à mon grand regret, je comprends sa curiosité et son énergie pour se lancer à l’assaut d’une ville épuisante. Notre hôtel miteux, placé sur une artère bruyante en travaux, pue le renfermé et la cigarette. Il n’est pourtant pas loin du célèbre marché de nuit d’Alor Street. En fan de street food, Maghnia s’attend à un festival pour ses papilles. Elle sera rapidement déçue, car la rue n’offre que peu de variétés : quelques tim sum chinois souvent à base de porc, les basiques de la nourriture malaisienne et quelques autres douceurs sucrées et c’est à peu près tout ! Si l’on mange vraiment bien à Bali, au Viêtnam, à Hong Kong, voire en Thaïlande, il n’en est pas de même dans la péninsule malaisienne ou à Java. Le nasi (riz) est servi à toutes les sauces : nasi goreng, nasi lemak, nasi ayam… Rajoutez une pincette de curry et de noix de coco, beaucoup de nouilles plus ou moins fines, et vous vous direz qu’il faudra manger cela midi et soir pendant des jours. Avant de rejoindre les tours jumelles en soirée pour assister au spectacle quotidien des fontaines sur KLCC square, nous voilà dans les grottes hindoues de Batu. C’est un sanctuaire sacré pour les millions d’Indiens qui vivent dans la péninsule, en Malaisie ou à Singapour. Les marches qui pénètrent la montagne sont assiégées par des macaques très moqueurs et voleurs qui ne rechignent pas pour prendre la pause. Après quelques heures, Maghnia comprend -enfin- mon aversion pour cette ville. Le quartier indien ? Ennuyant au possible. Les malls ? Temples du capitalisme, ils sont climatisés à l’extrême. On y gèle ! Heureusement, Madame a une idée de génie : un dîner dans le ciel. Les pieds suspendus à une quarantaine de mètres du sol, nous dînons dans le ciel de la capitale malaisienne avec vue sur les tours Petronas, le CBD et autres, car la table est tournante ! Les plats sont excellents, les assiettes créatives et délicieuses, la musique au top. C’est une expérience magique que nous a offerte Maghnia.

Nous prenons la direction du Negara Brunei Darussalam plus communément appelé sultanat de Brunei, un minuscule royaume enclavé dans l’état malaisien de Sarawak (sur l’île de Bornéo). Philippe m’avait dit « mais non, pas toi ! » en tentant de nous dissuader de poser les pieds dans un pays ultra-conservateur. Le monarque, Hassanal Bolkiah, règne en maître absolu sur le pays. Il est à la fois Premier ministre, ministre de la Défense, des Finances, commandant suprême des forces armées, chef de la police, recteur de l’Université ou amiral honoraire dans la Navy… Sacré pedigree ! Descendant de la lignée des Bolkiah installée à la tête du royaume depuis le XIVème siècle, nous comprenons son emprise totale jour après jour : il règne seul et par décret, et dirige d’une main de maître le seul parti autorisé. Le Musée des insignes royaux abrite les regalias du couronnement du monarque. C’est en fait un lieu de propagande à la gloire du souverain. C’est un peu comme les aventures de Martine : le sultan en tenue officielle, le sultan relax, le sultan fait du sport… quel homme ! Après Moussa Traoré (Mali) dans mon enfance et plus récemment Poutine, Erdogan, Islam Karimov (Ouzbékistan) ou Ilham Aliyev (Azerbaïdjan), c’est un nouveau voyage aux pays des autocrates. Dans le hall, un monstre de char en or servira dans quelques jours au défilé national pour célébrer en grande pompe ses 73 ans. En plus des très nombreux drapeaux nationaux, la ville est couverte de banderoles annonçant la grande nouvelle. C’est un peu la naissance du divin enfant : L’EVEMENT. Il est très difficile de nous balader en ville à cause de la chaleur écrasante de l’après-midi. C’est vendredi, jour saint, et tout est donc fermé. Les croyants ont l’obligation d’assister à la prière collective du vendredi et sont obligés de fermer leurs commerces. Il n’y a donc vraiment rien à faire dans cette capitale. Nous tuons le temps devant les mosquées Omar Ali Saifuddien et Asr Hassanil Bolkiah avant de nous régaler de délicieux sushi et sashimi dans un restaurant japonais cher dont le staff est composé exclusivement de Philippins. Tout comme les immigrés issus du subcontinent indien, ils sont très nombreux dans le pays.

Le lendemain, nous traversons le fleuve Brunei pour rejoindre le village flottant de Kampong Ayer. Les nouvelles habitations sur pilotis se mélangent aux vieilles bicoques pourries qui baignent les pieds dans les ordures. Depuis son arrivée au pouvoir, le sultan a entrepris une politique d’aménagement de ce quartier historique de la capitale, certainement pour éviter ce mode de vie jugé « non conforme » aux traditions malaises et musulmanes. Nous circulons sur des pontons qui traversent le village : mosquées, petits commerces, cliniques, Kampong Ayer est en fait une ville de 40.000 habitants. Nous ramassons les écoliers à la sortie de l’école avant de goûter à l’infâme ambuyat dans un restaurant qui donne sur le fleuve. Nous trempons notre chandas (fourchette de bambou) dans le plat préparé à partir de la pulpe du tronc du sagoutier, une plante de la famille des palmiers, puis dans une sauce qui sauve à peine les apparences. Direction la forêt primaire de Bornéo à bord d’un petit bateau à moteurs. Après quelques kilomètres, nous sommes plongés au cœur du désert vert ; nous observons quelques minutes un groupe de nasiques, ces singes arboricoles endémiques de l’île, avant de croiser la route d’un crocodile. Au retour, nous devinons le « palais de la Lumière de la Foi », la monumentale résidence du sultan et siège de SON gouvernement, car en plus d’être sultan, Hassanil Bolkiah est l’un des hommes les plus riches de la planète avec une fortune estimée à 20 milliards de dollars et le propriétaire de l’hôtel Meurice ou du Plaza Athénée, en plus d’un hôtel particulier place Vendôme. Son palais de 200.000 m² (3 fois Buckingham Palace) est réputé comme le plus grand du monde. Rendez-vous compte : 1788 pièces, 257 salles de bain, 5 piscines, 18 ascenseurs, une écurie pour 200 chevaux, une mosquée pour 1500 fidèles. Sans compter une collection de plus de 5000 voitures de luxe. Du très grand n’importe quoi ! Le soir, nous filons au marché (soi-disant) nocturne de Gadong. On nous promet du grandiose… Grandiose est ma déception ! Quelques étals de street food, des petites brochettes, des stands de roti John, un sandwich aux œufs et à la viande vraiment pas terrible et pas grand-chose d’autres. Pour tuer le temps, nous voilà donc à zoner dans le centre commercial. À l’aéroport de Boracay, j’avais lu un jour : « It’s more fun in the Philippines ! »… For sure, it’s less fun in Brunei !

Lever de soleil sur la mosquée Omar Ali Saifuddien. C’est presqu’aussi beau que le coucher de soleil sur le lieu de culte. Grandiose, elle est bâtie avec les plus beaux et coûteux matériaux du monde : marbres d'Italie, granits roses de Shanghai, vitraux de Londres, rien n’est trop beau pour célébrer la gloire de Dieu ! Les alentours se remplissent des nombreux joggeurs et sportifs qui disparaîtront presqu’aussi vite qu’ils sont apparus. Ils rejoindront leur travail dans un pays où le chômage n’existe pas. Les habitants du sultanat semblent prendre soin d’eux en plus d’avoir un pouvoir d’achat assez élevé. Si le PIB par habitant est d’ailleurs l’un des plus élevés de la planète, l’IDH l’est un peu moins. Ainsi, la vie semble paisible dans cette monarchie enclavée. Darussalam, la « demeure de la paix » en arabe, semble bien porter son nom. Beaucoup moins si l’on goûte une goutte d’alcool, encore pire si l’on est homosexuel ! Vous seriez flagellés dans le premier cas, passible de la peine de mort dans le second. Nous décidons de tester Jerudong, le parc d’attractions local. La chaleur écrasante n’attire que peu les visiteurs qui se presseront en début de soirée. Seul dans un parc d’attractions à tester auto-tamponneuses, mini-golf ou 3D bien pourries, c’est fait ! Au moment des prières, les quelques attractions rigolotes mais vieillottes sont fermées. Une partie de lazer game puis de labyrinthe laser et c’est reparti pour un dernier resto japonais. Il est temps de nous mettre en route pour récupérer notre nouveau jouet Drony puis de rejoindre Melacca, la belle cité coloniale. Singapour, here we go !


 








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