Juin 2009
Après deux dernières soirées pluvieuses à Sydney avec Virginie ou Li et Sanne, deux Hollandaises rigolotes, je m’envole pour Hervey Bay à bord d’un petit avion de la compagnie Jetstar. Hervey Bay est la porte d’entrée de Fraser, la plus grande île de sable du monde (1.840 km²) découverte par James Cook en 1770. Elle est évidemment habitée par les Aborigènes (le peuple Butchulla) depuis plus de 5.000 ans. Avec Steffie et Sophie de Sheffield, Devon (Vancouver), Seraina (Munich), Ashley et Kelsey (Seattle) ou Jasmyn, ma pote de Toronto, on s’embarque à bord d’un 4x4pour quelques jours. Nous sommes une sorte de colonies de vacances.
L’île renferme la moitié des lacs dunaires d'eau douce perchés de la planète, soit une quarantaine. Elle abrite une forte population de dingos, des chiens retournés à l’état sauvage, appelés aussi warrigal dans les langues aborigènes. Leur nom vient de la langue darug parlée par les Aborigènes. Appâtés par l’odeur du barbecue, ils rôdent la nuit dans le campement installé tout près d’une immense plage d’où une épave contemple depuis le XIXè siècle les nombreux voyageurs... Il s’agit du SS Maheno, utilisé comme navire-hôpital pendant la Première Guerre, échoué en 1935. Au milieu d’une rainforest étouffante (la seule forêt tropicale au monde à pousser sur le sable), les lacs Mc Kenzie et Wabby sont deux merveilles de la nature avec une eau d’une pureté incroyable. Avec ses 150 hectares, le premier est l’attraction de l’île. Lacs ou lagons ? Je ne sais plus trop... Fraser héberge également aussi une flore unique (eucalyptus, acacias, palmiers, immenses kauri, fougères préhistoriques...). Comme dirait Steffie, Fraser c’est awesome !
Jeunes voyageurs en quête d’aventures, nous faisons la fête entre nouveaux amis, personnellement en compagnie de Kitty une Hollandaise, Chloe et de nombreux Allemands. Les cubis de goon, ce vin à la composition douteuse (des extraits d’œufs et de poissons figurent dans la recette !), ne font pas long feu… qui tient les chiens à distance du campement. Nous sommes les nouveaux Goonies ! Couché tard et levé aux aurores, je finis le périple éreinté. J’ai à peine le temps de récupérer que me voilà à Airlie Beach, la tropicale : relax... À part le lagon artificiel, il n’y a pas grand-chose à y faire. Un lagon artificiel (en fait une immense piscine) pour profiter des joies de la baignade à deux pas de l’océan, pourquoi ça ?! À la lecture des panneaux, on comprend vite pourquoi ! Six espèces dangereuses de méduses pullulent de novembre à mai. La présence d’une mangrove voisine favorise aussi la venue des crocodiles marins. Les monstres font généralement entre 4,5 et 5,5 mètres de long et vivent sur les côtes entre eau salée et eau douce. Je me contente du lagon artificiel ! En voilà une bonne nouvelle : Kelsey, Devon, Steffie sont dans le coin. Je rencontre aussi un Français au nom qui ne s’invente pas (Gery Loutre) et Joanie, une Québécoise plus qu’adorable. C’est la fiesta ! La ville est le point de départ des croisières dans les Whitsunday, un archipel de soixante-quatorze îles situées dans la mer de Corail, proche de la Grande Barrière. Dix-sept seulement sont habitées. Les îles Whitsunday ont été baptisées par le capitaine Cook, Whitsunday étant un synonyme pour Pentecost (de l'anglo-saxon Hwita Sunnandæg « White Sunday »). Les îles étaient autrefois habitées par les Aborigènes Ngaro qui vivaient principalement de la pêche. À bord du Siska, un voilier vainqueur de deux Sydney-Hobart ou d’une Fastest Race - excusez ! -, direction Whitehaven Beach dans le top cinq de National Geographic des plus belles plages du monde... D’une pureté totale (98%), le sable a servi à la construction du télescope Hubble. Du sable ? De la poudre !
Tortues, raies, requins sont observables à même la plage et lever de soleil magistral sur un archipel vallonné, il faut le dire : ça en jette un max’ ! Les deux snorkelings dans la Grande Barrière sont également de top niveau : le récif corallien vaste est très propice à la vie marine. Quelques dauphins s’amusent, on prend le soleil sur le pont du Siska, je me plonge dans les aventures de Henrich Harrer au Tibet... Vous comprendrez que je ne suis pas à plaindre ! Seule une discussion un peu tendue avec un Israélien me fait sortir de ce paradis : il soutient ce système intenable d’apartheid par défaut et le culte de l’afrada (séparation). Tsahal prétend tuer et soigner, un fusil M-16 dans une main, la Convention de Genève dans l’autre... Rien que ça ! Il me rappelle ces jeunes Israéliens croisés dans l’Altiplano bolivien. J’avais vu qu’ils étaient interdits dans certains hôtels de Potosí et à force de faire la fête et faire chier tout le monde, j’avais en partie compris pourquoi. Dans les mines d’argent du Cerro Rico (la « Montagne riche »), j’avais partagé un guide avec certains d’entre-eux. À la vue de l’énorme attribut d’El Dio, la divinité protectrice de la mine enveloppée de feuilles de coca, deux filles avaient mimé une fellation à la statue. Consterné, je m’étais tourné vers le guide qui m’avait sorti « C’est normal, ce sont des Israéliens ! ». No comment…
Enfin est venu le temps d’apercevoir kangourous et wallabies en liberté. Je redescends sur Brisbane. Il est 22h et déjà beaucoup (trop) de (vraiment) jeunes ne tiennent plus debout. Ça m’étonne à peine, car la Gold Coast accueille les Schoolies estudiantines chaque fin d’année. « Drink to be drunk ! », je vous avais bien dit. Je fuis dès le matin pour Surfers Paradise, une conurbation du Queensland où Billabong a fondé son empire au début des Seventies. Je ne suis pas surfeur et donc vite saoulé. À part boire quelques Cooper’s, Toohey’s ou XXXX au Hard Rock Café et regarder les sports anglo-saxons à l’intérêt plus que limité (netball ou pire l’insupportable cricket), je me fais chier ! En vérité, les Australiens sont les Américains de l’hémisphère nord : ils ont transformé certains sports nobles pour en faire des spectacles indigestes (Aussie rule, rugby league ou rugby à XIII) du même niveau que le football américain ou le baseball. Je m’ennuie donc à mourir. Boring Gold Coast. Le front de mer est d’une incroyable laideur. C’est Cancún ou Miami Beach en presque pire, c’est dire l’exploit ! La Gold Coast ou très peu pour moi ! L’heureuse rencontre avec quatre Américaines (Carrie, Chloe, Lisa et Megan) dans mon dortoir me sauve de ma torpeur et de mon ennui. En les suivant en soirée, je finis sur une note positive…. C’est parti pour la Nouvelle-Zélande !
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