Novembre 2010
Après quelques heures au Caire, on se rend vite compte que l'organisation à l'égyptienne c'est quelque chose. Cette ville me fait revivre quelques moments de mes pérégrinations indiennes. Le Caire ressemble à Delhi, Mumbai : surpeuplée, le bruit est partout, le trafic automobile (in-?)supportable, les feux de circulation inexistants, la pauvreté et la saleté s'étalent dans des rues où les bâtiment tombent en ruine... Le poumon du pays est étouffant. Pourtant, je ne peux pas m'évader, car mon amie Marwa se marie quelques jours plus tard dans la superbe mosquée Sultan Hassan située dans Le Caire islamique. La classe ! Je me demande parfois, comment notre civilisation a pu enfanter de telles villes tentaculaires, gigantesques, qui me font horreur et qui sont, à mes yeux invivables. Passons, car il y a fort à faire au Caire : une balade dans le quartier copte, une visite au musée national qui, à l'image de la ville et du pays est complètement désorganisé : il ressemble à un immense entrepôt sans queue ni tête où sculptures, momies, sarcophages... s'entassent sans aucun intérêt ni pédagogie. Au milieu de ce marasme émerge pourtant le fabuleux trésor de Tout Ankh Amon et son masque funéraire qui me donne des frissons et me plonge dans l'enfance. Après le souk Khan Ali Khalili datant du XIVè s, on fonce vers Guizah, ville millionnaire de la banlieue d'où émerge le sphinx et surtout l'ensemble pyramidal mondialement célèbre (Khéops/Khuphu, Khéphren, Mykérinos).
Absolument monumental à défaut d'être apaisant tant le nombre de cars climatisés qui vomissent des centaines de touristes est effrayant. C'est presque Disneyland. Mais nous voici partit dans les entrailles d'un colosse de pierre de 136 mètres de haut qui renfermait, jadis, le trésor et tombeau du Pharaon : connaissez-vous la légende de la malédiction des pyramides ? la chanson de I Am qui dit : « cette terre est réputée la première pour avoir abrité des eaux originelles » ? Car, nous voilà en Haute Egypte, à Louxsor puis Assouan qui recèlent de bijoux archéologiques. Dans le temple de Karnak, on célébrait autrefois Amon. A Abou Simbel, portes du désert et du Soudan, je comprends désormais le sens du mot « pharaonique ». Les statues, peintures à la gloire du Roi-Pharaon Ramsès II et sa feme Nefertari, des dieux Rê, Amon, Osiris ou Ptah sont à couper le souffle. Tout simplement fabuleux. Idem au temple de Philae, lieu magique célébrant le mythe d'Isis et Osiris, situé sur l'énorme lac artificiel Nasser, réservoir de tout un peuple. Enfin, dans le majestueux Edfou, oeuvre des Ptolémées et dédié à Horus, le grand-dieu du Ciel. Dans la Vallée des Rois, les 63 tombeaux de pharaons découvertes à ce jour, on perçoit le génie architectural, pictural d'un peuple qui ne vit que par la grâce de sa majesté le Nil. Des galeries où foisonnent hiéroglyphes et scènes picturales pleines de couleurs chaudes s'enfoncent dans la roche de montagnes désertiques. Fleuve nourricier, divinisé sous le nom d'Hâpy, le Nil est le berceau de la civilisation égyptienne, de la Nubie, l'oasis verdoyant de toute une Nation (90% des Egyptiens vivent dans la vallée du Nil). Mais, comme tant d'autres fleuves sacrés (Gange, Yamumna...), sa pollution et sa saleté saute aux yeux. Ainsi, ses berges ne sont parfois que d'immenses décharges. Crève-coeur.
Comme l'ensemble des voyageurs que je rencontre, je suis TRES vite irrité par l'accueil détestable de la plupart des Égyptiens. Plus que n'importe où ailleurs, on essaye ici plusieurs fois par jour de vous faire payer des prix touristes ridicules, voir de vous voler sur le change , les bagarres et tensions entre Égyptiens sont fréquentes. Si l'art de la négociation a son charme et son importance dans les relations humaines en Afrique de l'Ouest, au Maghreb ou Moyen Orient, elle devient ici insupportable puisqu'il s'agit de se battre pour une bouteille d'eau, un sandwich, un taxi. L'Egypte c'est aussi la culture du bakchich dans sa forme énervante. Passons !, Nous voici naviguant sur le Nil puis remontant vers la Basse Egypte à bord d'une felouque où l'on s'entasse, tels un groupe de clandestins, pour deux jours en compagnie de Maxime, Martin de Cordoba ou John (et sa famille), un sexagénaire américain qui nous compte ses voyages hippies des 70's. Cela ressemble à un moment relaxant, mais voilà nos sommes en Egypte.... , les énormes ferries sont en outre trop nombreux. Pour échapper à ces moments de tensions très et trop répétitifs, nous voilà obligés de nous évader vers les eaux mondialement réputées de la mer Rouge.
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