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Bulgarie - Sur les Thraces de Rila

Dernière mise à jour : 27 janv. 2023

Août 2021

La frontière bulgare arrive rapidement tout comme Melnik, la plus petite ville du pays. En transit dans l’oblast de Blagoevgrad, nous sommes déjà en pays thrace. Dans la journée, nous prenons la direction de la charmante station d’altitude de Bansko, nichée à près de 1.000 mètres d’altitude. Le massif montagneux du Pirin accueille peu de visiteurs. Chanceux, nous en faisons partie. Ici, au milieu de ces nombreuses crêtes boisées vivent loups et ours. Nous rallions rapidement un bien joli lac d’altitude. En soirée, la bourgade est vivante, la musique traditionnelle présente, les jeunes se rencontrent ; nous assistons à un concert de jazz. Les masques ? Aux abonnés absents ! La troisième ville de Bulgarie sera notre prochaine étape. Plovdid règne sur les plaines agricoles du sud du pays. Il s’agirait de la plus ancienne ville d’Europe encore peuplée, probablement de l’époque mycénienne il y a plus de quatre-mille ans. Les Romains en ont fait un carrefour commercial ; voici donc un théâtre très bien conservé, un odéon, des thermes. Centre du mouvement démocratique à l’époque communiste, Plovdid fut le pendant de Gdansk la polonaise. Nous sommes dans la ville de Hristo Stoitchkov qui, à la tête d’une génération exceptionnelle de footballeurs (Kostadinov, Letchkov, Balakov), crucifia la France un soir de novembre 1993. Point de Mondial états-unien pour la triplette magique Papin-Cantona-Ginola, une quatrième place bien méritée pour les Bulgares ! À la sortie du théâtre romain, une plaque indique qu’Alphonse de Lamartine a séjourné ici lors de son Voyage en Orient. C’est une très belle découverte que cette ville, mais ce sont désormais les rives de la mer Noire que nous visons.


Le Pont-Euxin comme l’appelait les Grecs offre de belles perspectives. Nous voici sur la ligne de chemin de fer Plovdiv-Bourgas de la fin du XIXème siècle. Ce sera le début d’un voyage marqué par de nombreux trains. Un veillard nous demande de l’aide et nous met illico presto dans un bus qui s’en va vers Nessebar. Après des jours de kavarma (le ragoût bulgare), de feuilles de vigne ou de tarator (une soupe estivale froide faite de concombres, noix, yaourt, d’aïl et d’aneth), nos papilles attendent quelques produits de la mer. Sur ce littoral, on déguste de la carpe ou du poisson-chat. Pas de bol, l’insipide salade shopska et sa montagne de crudités et de sirene (un fromage de type fêta) sera toujours au rendez-vous ! La petite Nessebar est une pépite installée sur une presqu’île rocheuse qui s’avance en mer Noire. L’architecture traditionnelle a permis à la ville d’être inscrite par l’Unesco. Sa ville nouvelle est également bien agréable. C’est l’été et les plages de la mer Noire sont bondées. C’est un joyau microcosme que nous observons. Nous posons nos sacs dans une auberge de Varna, le poumon industriel de la région. Nous sommes loin de la description faite par l’archéologue français Alexis de Valon en 1842 qui décrivit une ville « resserrée, sale, rougeâtre, et, comme toutes les villes turques, triste et silencieuse ». Les balades dans le centre et sur le bord de mer sont vraiment agréables. Sur la route de la Crimée, des soldats français périrent, ici, du choléra. Ainsi, un monument commémoratif porte l’épitaphe suivant : « À la mémoire des soldats et marins français morts à Varna pendant la guerre de Crimée, 1854-1855 ».

Sur la route de Sofia, nous nous arrêterons à l’intérieur du pays, d’abord dans l’agréable Velicko Tarnovo. Bâtie à flancs de collines, il faut des molets bien solides pour rejoindre les différentes parties de la ville, de cet hôtel sordide digne d’un film gore aux sympatiques cafés ou restaurants, en passant par le sommet de la forteresse de Tsarevets. Selon certains chroniqueurs, le comte de Flandre et futur empereur de Constantinople Baudouin Ier y serait mort. Sa croisade l’aura crucifié ! Nos quelques heures à Kazanlak nous permettent de pénétrer à l’intérieur d’un tombeau thrace. Aucun de nous deux ne s’attendait pas à ces fresques de toute beauté… En voilà de belles t(h)races de l’histoire de la Bulgarie ! Nous sommes donc dans l’ancienne Thrace, la région de naissance de Spartacus, « homme d’une grande force de corps et d’âme, d’une douceur et d’une intelligence supérieures à sa fortune, et plus dignes d’un Grec que d’un Barbare » (Plutarque) mais surtout le responsable du plus grand soulèvement d’esclaves de l’histoire romaine avec ses compagnons gaulois Crixus ou Œnomaüs. Gloire à Kirk Douglas et surtout au maître suprême Stanley Kubrick de s’être attelé au péplum (1960) ! Plus récemment, une série qui transpire le sang et le sexe montre la génèse de la troisième guerre servile depuis le ludus de Batiatus à Capoue. Les parfums de roses se sont évaporés dès le début de l’été. Nous sommes au cœur de cette vallée des Roses où l’on cultive une variété de Damas dite « rose de Kazanlak ». Son musée unique au monde est pourtant décevant. N’est-il pas plutôt là pour tenter de vendre quelques souvenirs ?


Halte dans la ville-musée de Koprivchtitsa et ses superbes maisons d’époque avant de rallier une capitale loin de faire rêver. Sortie de l’immense place Saint Alexandre Nevski, il n’y a pas grand-chose à admirer pour les Soufiotes ! Derniers jours, dernières heures en Bulgarie, la journée superbe… ou presque ! Au lendemain d’un des meilleurs restos de la capitale, c’est le coup de mou. La montée vers les Septs Lacs de Rila est une souffrance, je monte comme un vieillard, un malade. Maghnia s’en va légitimement vers un plus haut panorama à près de 2.500 mètres. Malgré la fatigue, c’est franchement superbe. Tout comme l’impressionnant complexe monastique orthodoxe de Rila, symbole de la Renaissance bulgare, fondé par un ermite au Xème siècle. On s’enfile quelques « mekitsi », des beignets que l’on soupoudre abondamment de sucre glace. Ascétique, mystique, « gastronomique », magique !


 



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