Mai 2009
Le pays du Long nuage blanc révèle chaque jour un peu plus de son charme. On rejoint White Island, un volcan qui rappelle les peintures de Jérôme Bosch. Hadès semble y avoir trouvé refuge avec ses chaudrons fumants, une eau bouillante d'une acidité extrême (ph -0,4) et un air saturé en soufre. Ici, on se prend pour des cosmonautes débarquant sur la Lune. Pendant une semaine, on entend parler d'un Chabal plus célèbre que Jésus. La France de l'ovalie, réduite à défendre et sevrée de ballons, s'incline de peu. Mais c'est samedi à Rotorua et il ne faut pas se laisser abattre ! On rejoint Auckland qui malgré un environnement impressionnant (volcans, baie) est très vite lassante. La ville est plus étendue que Londres et rassemble la plus importante population polynésienne de la planète. C'est la Mecque de la voile, le berceau de la Coupe de l'America. Je m'essaye au bungy jumping depuis l'Harbour bridge, l'institution mondiale du saut à l'élastique. Malgré un petit saut (40 mètres), la poussée d'adrénaline et les sensations sont incroyablement puissantes. Accro, je rêve déjà d'un saut à 130 mètres !
Ici Pahia, une charmante bourgade berceau de la colonisation européenne d'un pays qui est la plus isolée des masses terrestres de la Terre. Bay of islands est le paradis de la pêche au (très) gros ; il est courant de pêcher, presque sans efforts, marlins, kingfishs, espadons, snappers de plusieurs dizaines de kilos. On y aperçoit des phoques et un groupe d'une vingtaine de dauphins qui s'amusent et font le show. Kayak, barbecue, vélo, spa... la vie est belle à Pahia. On s'en va à Cape Reinga, le lieu où les esprits partent pour rejoindre la terre des ancêtres, Hawairi, patrie légendaire des Maoris. La mer de Tasmanie et le Pacifique s'y rejoignent et 90 Miles Beach est une superbe plage de 132 kilomètres. Du haut des énormes dunes, on s'essaye au sandboarding.
En Nouvelle-Zelande, la nature est reine, 80% de la faune est endémique. C'est tout simplement le dernier endroit du globe habité par l'Homme.... Un pays à l'état quasi originel. Dans le backpacker où l'on s'est installé, on s'y sent bien. Entre l'hommage à Michael Jackson, un peu de brit pop et du gros dub kiwi, la musique est bonne ; et accompagnée de nombreux thés. On croise un Kiwi qui voyage en bateau, un Suisse fan de Guns'n Roses, des Anglais et un Allemand qui descendent le 18 Pack d'une lager pour soiffard des 9 heures du matin, une danseuse qui réconcilie l'Angleterre avec l'amour du vin, un sexagénaire écossais qui a vécu le Bali pré touristique, un Breton fan de Yermath qui a l'amour de la cuisine, un Savoyard rugueux passionné pas la Françafrique, un pêcheur local au whisky à l'heure du lunch ou une Roselyne déjantée qui fait à tout ce petit monde découvrir le maloya, la musique traditionnelle réunionnaise... Une belle brochette de ce que peut être le voyage ! On fête notre départ comme il se doit, avale quelques pancakes cuisinés avec amour et nous voilà déjà, via Auckland, dans la péninsule de Coromandel.
La route côtière nous plonge dans de nouveaux songes. Elle offre des paysages somptueux : forêt de cimes plongées dans l'océan, brume du petit matin qui s'élève au-dessus des collines et campagnes. Le décor parfait pour contes celtes ou Hobbits, pour le dessin génial de Delaby mettant en scène l'imaginaire de Dufaux avec sa Complainte des Landes perdues : les Chevaliers du Pardon pourchassant les légendaires morriganes. Ou Sioban sortie du crayon de maître Rosinsky... Le lieu est idéal pour se plonger dans ses rêves de jeunesse à travers le Radio Flyers de Richard Donner, avaler Vercors et découvrir le célèbre Milan Kundera. Dans ce pays, il paraît impensable de ne pas trouver la sérénité. Au prix d'un dernier effort, nous voilà dans quelques baies, îles, plages désertes et estuaires d'une extrême beauté. Cathedral Cove offre le spectacle saisissant de plages du bout du monde au milieu de rochers et forêts, une cascade se jetant à même la plage... Avant de quitter le pays, on se rappelle les mots de nombreux Aussies et Kiwis très durs vis-à-vis de l'île nord du pays : sans intérêt, sans beauté, sans charme... On n'ose imaginer la splendeur que doit être l'île sud. Un appel au retour !
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