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Tunisie - La graine et le mulet tu chercheras, la harissa tu trouveras !

Dernière mise à jour : 24 juil. 2023

Février 2023


 


Je n’ai qu’une obsession : ce mélange de Graine et de Mulet qui fait rire l’ensemble du monde arabe. Depuis le bijou de Kechiche, j’en rêve. Point de ce poisson mais une daurade, c’est déjà superbe ! Le labyrinthe qu’est la médina de Tunis est endormie ; on n’y croise pas un chat, c’est dire ! Direction Carthage, la cité du mythique Hannibal. C’est depuis l’un des sites éclatés à travers une ville très huppée que Hannibal Barca, tacticien militaire hors pair, s’est lancé à travers la conquête de la Méditerranée occidentale. S’il ne reste plus rien de l’ancien port punique, les thermes, les villas ou le théâtre valent quand même la peine. Depuis Tyr, les Phéniciens ont fondé cette colonie devenue dominante au IVème s. av. J.-C. « Il faut détruire Carthage » aurait, ainsi, prononcé Caton l'Ancien ! J’aime voir Maghnia apprendre sans cesse et découvrir des divinités (Ba’al, Ba’al Hamon) dont j’avais fait la connaissance au Moyen-Orient et au Caucase. Mais aussi Tanit, déesse punique de la fertilité et des naissances, ici en souffrance. Ô Salammbô, veille sur ta maîtresse ! À Carthage, les sites sont vides, les produits d’appel touristiques fermés (le Bardo, l’Acropolium de la Byrsa qui abrita la chapelle en l’honneur de Louis IX, mort au pays de retour des Croisades). Un gouvernement qui continue de mettre la tête sous l’eau à sa population, quoi de neuf en Méditerranée ? Nous reviendrons dans ce Tunis aisé en fin de séjour : la Marsa ou Sidi Bousaïd, ses maisons bleues et blanches, et son magnifique palais Ennejma Ezzahra. Du Café des Délices, chanté par Bruel, la vue est superbe sur Mare Nostrum. Nous voilà déjà à l’entrée de la médina de Kairouan à la chasse aux tapis et aux makrouds. La vieille ville de la première cité sainte du Maghreb a servi de décor au Caire des Aventuriers de l’Arche perdue. Ainsi, sa Grande mosquée reste le sanctuaire le plus ancien de l’Occident musulman. Non loin du lieu de culte reconstruit par les Aghlabides au IXème siècle, un passant se fait muezzin de rue. Rapidement, je me fais aux spécialités de la cuisine tunisienne : l’ojja merguez, les trop nombreux fastfoods (tabouna, makloub, mélouia ou fricassés), la mouloukhia, le leblebi, une soupe épaisse qui rassasierait Polyphème, ou le tajine à la mode locale. Un tajine ça ? Plutôt une tortilla ! Maghnia m’avait prévenu : « ici, c’est Thon-usie ! » Et que dire de la harissa ? Elle est partout, c'est Rony qui serait content. On comprend également que le thé est moins sucré et plus amer qu’ailleurs au Maghreb, et souvent accompagné d’amandes ou de pignons. Et parfois de ces petites pâtisseries qui feraient bondir de joie mon père. Je me rends compte, petit à petit, que cette gastronomie prétendue marocaine (le couscous, le thé à la menthe, les tajines ou les gâteaux faits d’amandes ou de miel) est en fait celle des mélanges de peuples qui habitent la région depuis des millénaires.

En descendant vers Djerba, nous passons certainement au plus près de la maison de mon amie Dalila. Un simple bac permet de rallier l’île aux multiples surnoms (« l’île des hauts fonds », « aux sables d’or »…) qui faisait dire à Gustave Flaubert qu'à Djerba, « l'air est si doux qu'il empêche de mourir ». J'ai décliné la vraie-fausse demande d’Adeline de jeter un œil sur l’état de sa maison. Sur l’île aux rêves, nous avons oublié à coup sûr d’avaler du lotos, la plante qui rend interminable le séjour d’Ulysse à Djerba, car l’île ne nous plaît guère mis à part à de rares instants : la vue de ces flamants roses qui ont élu résidence sur le rivage, la visite des fondouks (caravansérails) ou de la synagogue de la Ghriba. Dans le lieu de pèlerinage des Séfarades, il n’y a point le Chat du rabbin, seulement la patte de ce dernier qui tape sur la table avec insistance pour demander une quelconque obole. À Djerbahood, la galerie parisienne Itinérance a finalisé un projet énorme. 250 artistes (El Seed, Inti, Obey, Shoof, Pantonio, Swoon, C215, Seth…) ont embelli les murs de ce vieux quartier devenu une référence mondiale du street art. J’en découvre certains (Horror Borreal, B-Toy, Manolo Mesa) et je milite – dans le contexte d’une crise économique, politique, et de paroles franchement racistes du président autocrate – pour une œuvre engagée de l’ami Barny. Le bougre l’a souvent fait avec talent ! Nous quittons l’île des Lotophages pour les terres du Sud bien chaudes.

Autour de Tataouine, nous sommes déjà selon certains géographes au Sahel, cette bande semi-désertique qui n’a pas la meilleure des réputations. Ce sont les alentours de la ville qui valent le coup. L’oasis caravanière, « porte du désert » où l’on envoyait les bagnards, permet de rejoindre les anciens villages berbères situés sur des emplacements spectaculaires. On y perçoit presque déjà l’immensité du Sahara. Tunisiano semble avoir Gravé dans la roche les beautés de son pays (les ksars Ouled Soltane, Ouled Dabbal, Hadada, Chenini ou Guermassa). Les cellules (ghorfas) des ksours, qui servaient à entreposer les denrées, ont servi de décor aux Star Wars de George Lucas. Pendant plusieurs jours, nous gambaderons à travers la planète des sables Tataooine, celle de Jabba le Huth et des Skywalker. Nous faisons beaucoup d’envieux à découvrir les lieux de tournage de cette saga merdique. Mythique pardon !

Nous suivons Lahid dans une aventure de 4 jours à travers le Grand Erg Oriental. Shkoun ? Lahid, un chamelier qui fait plus vieux que son âge. « Wesh el hadj, kerak ? » Guide-nous à travers ton Sahara. Nous partageons sa connaissance du désert, ses succulents couscous au mouton, macaroni, ses thés trop amers et son pain de sable cuit sous le sable et la braise. Matin et soir, nous préparons/rangeons le camp et notre tente que nous pensions semblable à celle d’aventuriers d’un temps révolu. Notre style est plus proche de celui de porte de La Chapelle que de David Livingstone... Nous n’avons pas une Quechua..., plutôt une Queshouma ! Pendant que nos 3 dromadaires portent d’énormes charges, nous tentons de comprendre – grâce à Maghnia, arabophone…, une bénédiction ! – comment il fait pour se repérer au milieu de ces 80.000 km2 de dunes. Un soir, guidé par le son des tambours, nous rejoignons ses amis pour boire le thé aux herbes. « Tanguy ? Tanguy ? » me lance une jeune femme. « C’est Manon, l’amie d’enfance de Fanchon ! » Je pensais le Sahara légèrement plus vaste ! Maghnia est en amour pour ces petits scarabées qui font les morts dès qu'on les touche pendant que Lahid nous cherche des pointes de minuscules flèches des temps très anciens. La première matinée, un fennec passe au loin et de violentes rafales de vent se lèvent sur une étendue de sel qui me fait penser au Danakil, cette dépression saline que j’ai dans un coin de ma tête depuis toujours. C’est beau et effrayant à la fois. Au sortir de cette expérience, nous rallions Tozeur qui, située loin de tout, offre de belles choses : des montagnes de dattes (deglet nour), une architecture originale de briques en relief, de jolis cafés, des rencontres inédites. Comme souvent en Tunisie, nous faisons la connaissance de gens tranquilles, profondément honnêtes, gentils et bienveillants. Je n’ai pas forcément les mêmes souvenirs dans les pays arabophones du pourtour méditerranéen (Égypte, Syrie, Jordanie, EAU ou Maroc). Nous traversons le chott el-Jérid en 4x4, une vaste sebka (plaine saline) de 5.000 km2 accompagné par des musiques arabes tout aussi magiques qu’un Shot the Sheriff du maître. Propice à tous les rêves, la sebka à influencé Jules Verne comme mer intérieure dans son dernier manuscrit (L’invasion de la mer). Le chott n’est autre que le Lac Triton de la mythologie, le lieu de naissance d’Athéna ! Une dernière fois, nous voguons au milieu de luxuriantes oasis, de lieux de tournage (Le Patient anglais, Star Wars), sur Mos Espa à la recherche de C-3PO ou jouons au Professeur Henri Jones au sommet d’un djebel. Il faut penser à rallier Tunis. Le quartier portuaire de (Un été à) La Goulette nous attend. Il fut celui des immigrés italiens, siciliens, maltais. Parmi les enfants du quartier, rendons hommage à de grandes dames (Gisèle Halimi, Claudia Cardinale) qui ont toujours défendu la liberté, la justice, l’indépendance ou l’égalité. J’ai hâte de déguster le couscous à l’encornet farci du bord de mer ou les babaloumi de Sidi Bou Saïd, et Maghnia, la mechouia, le zrir ou l’assidat nzougou (la crème de pin d’Alep) de la médina. Aïchek le pays du jasmin !


 







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