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Voyage viticole en Afrique du Sud

N’en déplaise aux franchouillards, innombrables sont les terres vinicoles au-delà de l’Hexagone et nombreuses sont celles produisant d’authentiques merveilles ! Ayant déjà entamé son apprentissage bachique, Tanguy sillonne en ce moment l’une d’entre elles. Tout au long de la bande côtière, dans un rayon d’une centaine de kilomètres de part et d’autre du Cap et dans ce que l’on appelle la Breede River Valley, la vigne est à son aise. Elle bénéficie d’un climat tempéré, chaud et sec et d’une fort ancienne tradition. C’est à la fin de l’année 1654 que Johan Van Riebeeck, venu intaller le comptoir du Cap pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, planta en effet les premiers ceps de vigne au bord de cette splendide baie dominée par la Montagne de la Table. Ils provenaient vraisemblablement des bords du Rhin et l’on présume qu’il s’agissait de muscat. Cinq année plus tard il écrivait dans son registre : « Aujourd’hui, loué soit le Seigneur ! on a fait du vin pour la première fois avec des raisins du Cap »… Nommé gouverneur, son successeur Simon Van der Stel érigea en 1685 à une encablure de ce qui allait devenir le coeur même de Cape Towne l’admirable domaine de Constantia qui fut par la suite morcelé en trois immenses parcelles : Groot Constantia, De Hoop Constantia et Klein Constantia. Dans son merveilleux « Livre des Vins rares et disparus », mon ami le Marquis de Goulaine en conte la magnifique aventure en faisant frissonner nos papilles avec les nectars qui y étaient façonnés... Ils figurèrent, plusieurs siècles durant, parmi les meilleurs vins du monde ! Baudelaire en chanta du reste les louanges, à l’égal d’ailleurs de Dickens. Dans son exil de Sainte-Hélène, Napoléon en consommait un peu plus que de raison ! Quant à la Cour d’Angleterre, elle sen régalait à barriques déployées… On les trouva longtemps sur les plus cartes, avec notamment les vins moelleux dits de dessert, élaborés à partir de muscat d’Alexandrie, mais aussi les rouges qui ne craignaient nullement d'être comparés aux grands Bourgognes ou Bordeaux. 

Avec le boycott lié au sinistre apartheid, on les perdit de vue et la qualité chuta sensiblement. Depuis quelques années, ils reviennent avec force pour régaler nos palais. Aux dires des spécialistes, les meilleurs n’arrivent cependant point à retrouver les exceptionnelles flaveurs de ce fabuleux Constantia du temps jadis. Reste que nombre de vins de la République d’Afrique du Sud méritent d’être connus. La plupart des cépages présents en nos contrées se retrouvent ici. On pense notamment pour ce qui est des blancs au chardonnay, au sauvignon, au sémillon, au riesling, au colombard et plus encore au chenin blanc – on l’appelle steen. Particulièrement présent, ce dernier produit des vins secs ou doux. Côté rouges, on rencontre notamment le cinsault, le cabernet sauvignon et le merlot. Il serait cependant dommage d’ignorer ce cépage tout à fait spécifique à cette région du Cap que l’on nomme « pinotage ». Croisement de pinot noir et de cinsault, il donne des vins rouges assez charpentés et généreux dont on apprécie la belle robe sombre, le moelleux, la rondeur, les arômes complexes dominés par les framboises, la mûre et le cassis, avec notes de fruits secs, de cuir et de douces épices. On les apprécie sur quelques gibier ou encore sur ce fameux « biltong », de la viande séchée de bœuf ou d’autruche. Si le district de Constantia, aux portes du Cap, continue de nous régaler avec des vins vinifiés dans le style du Porto, c’est dans la région de Stellenbosch que l’on découvre les plus beaux vignobles, talonnés toutefois par le district de Paarl avec Franschhoek, le "coin français", où étaient venus s’installer une centaine de huguenots.

Jacques Teyssier,

Journaliste gastronomique pour CoolinClassic

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